mercredi 24 octobre 2012

DANS LA MAISON de François Ozon


Quelle maîtrise ! C’est le premier mot qui me vient en sortant de ce film, grandiose, par l’aspect réflexif  de l’acte créateur du romancier.

                             

Le cadre est étrange, on a l’impression d’évoluer dans une banlieue résidentielle américaine (alors qu’il se déroule bien en région parisienne), avec des pavillons aux jardins proprets, et un père de famille qui joue au basket avec son fils, habillé de l’uniforme du lycée ( on se croirait dans Gossip), sans oublier de commander des pizzas à manger devant la TV, assortie d’une mère blonde et belle, s’ennuyant langoureusement devant des magasines de décoration, attisant le désir de l’ami du fils. Cet ami, Claude (superbe et déroutant de sérieux Ernst Umhauer), lycéen de 16 ans, est le narrateur pervers de cette histoire. Pour s’introduire dans la maison de Rapha, il devient son ami, et observe les faits et gestes de cette famille de trois personnes, «  de classe moyenne ». Il relate cela dans des rédactions journalières, sous forme de feuilleton, à son professeur de français, interprété par un Luchini brillant, tout en nuances et en véracité. Le professeur devient « accro » à ce feuilleton. Mais tel est pris qui croyait prendre, le spectateur avec.

Les tiroirs de cette histoire enchâssée démultiplient les possibilités, et le spectateur est traité au même titre que le professeur. Etonné, amusé, intrigué… Oui, pourquoi cette fascination pour la vie des autres ? Pour cette « maison » ?
Le cadre n’est qu’un des nombreux clins d’œil d’Ozon à tous ses maîtres, d’Hitchcock avec Fenêtre sur Cours, aux feuilletons TV actuels, aux plasticiens (la femme du professeur, K. Scott Thomas, tient une galerie d’art moderne, un régal pour les yeux que cette expo porno, avec ces poupées gonflables à l’effigie de Hitler), aux auteurs, sans cesse cités (Flaubert, Dostoïevski, Céline…).

La photo est sublime, les fonds colorés et le choix méticuleux des objets rappellent le travail d’Almodovar.
Un film passionnant car il interroge le processus de création littéraire, et plus précisément la naissance de l’inspiration, par l’observation d’autrui… Cela ne suffit pas, il faut du talent aussi ! Et F. Ozon en a, la mise en abyme du cinéaste, plus voyeur que démiurge, est fascinante !
GO FOR IT !

mardi 16 octobre 2012

Kréol chiz' cake ou le Cheese cake de Rosi



Pour le départ de Rosi, qui est très gourmande et très sportive, voici un gâteau léger, inspiré du cheese cake new yorkais.

*Gluten free




Ingrédients :
Pâte sablée chocolatée (à faire la veille) :
Poudre de chocolat noir pure (type Van Houten), ici du Bonneterre
100g de beurre salé
Lait de soja
60 g de sucre complet
Environ 150g de farine de riz complet
100G de crème de riz (farine précuite)
Epices indiennes tchaï : cannelle, poivre, muscade, ginger etc…

Appareil :
Un yaourt de brebis ou chèvre (le plus dense possible)
Un verre de lait de soja
Un peu d’agar agar en poudre
2 bananes en rondelles
Le zeste et la pulpe d’un citron du jardin
80g de sucre
Un demi pot de confiture de fruits en morceaux et fermes (ici Bibasse, mais possible avec ananas, letchi, abricots, pommes, fraises)

Faire fondre le beurre dans un peu d’eau, le mélanger aux farines, épices, chocolat et sucre, et compléter avec lait de soja pour former une masse compacte de la forme du saladier rond, et mettez au frais. La pâte se solidifiera au frigo pendant la nuit.
Le lendemain, démouler la pâte, et trancher une quinzaine de parts fines avec un bon couteau, pendant qu’elle est durcie, et tapisser en un moule (recouvert de papier cuisson). C’est la petite astuce pour ne pas s’embêter à étaler au rouleau, car elle colle et s’effrite !

Précuire 15 min.

Pendant ce temps, mélanger le yaourt et l’œuf, puis le sucre, le lait de soja, l’agar agar, la confiture, les zestes et la pulpe de citron. Poser les rondelles de bananes sur la pâte et recouvrez de la préparation.

Enfourner pour 30 minutes. Déguster froid, car votre cheese cake prendra au fil du temps.

                                                                                                                                                             EM

vendredi 12 octobre 2012

Pâte à tarte au goût de levain

Une bière de Dodo (bière réunionnaise) à moitié pleine datant de la veille au soir sur ma table de cuisine, ni une ni deux, je décide de remplacer l'eau de ma pâte à tarte par de la bière.

Puis, je laisse la pâte reposer une journée en boule au frais, et le soir, quand je l'étale, elle fleure bon le pain au levain, elle s'étale divinement bien... et une fois cuite, une merveille !

L'alcool disparaît à la cuisson, cela apporte légèreté et léger goût fermenté, délicieux pour une quiche salée aux oignons et munster, par exemple.


jeudi 11 octobre 2012

TOMBOY


TOMBOY
De Céline Sciamma, 2011
J’ai beaucoup aimé !
On suit pas à pas un jeune garçon de dix ans, appelé Laure.
Le trouble de l’identité masculine ou féminine. Car Laure, nouvelle arrivée avec sa petite sœur dans une cité arborée, répond « oui » à la question « T’es nouveau ? », puis logiquement, à « comment tu t’appelles ? », improvise « Mickael ». Laure s’habille en garçon, porte les cheveux courts, et cela semble lui aller parfaitement. La petite Lisa tombe amoureuse de lui/elle,le mensonge s’enferre. Difficile de revenir en arrière.

La photo est sublime, les fonds aux couleurs douces, bleu garçon, rose fille, vert forêt, révèle l’aspect gracile des corps encore un peu dans l’enfance, qui s’allongent, étirés, secs, mais remplis d’une énergie vitale. L’essentiel se lit dans les yeux bleus délavés de Mickael, son torse aux seins pas encore développés, qu’il ose montrer nu, pour faire comme les autres, lors d’une partie de foot… les archétypes de la masculinité sont résumés de la manière la plus naïve : cracher par terre. Ceux de la féminité aussi : se maquiller outrageusement. Laure paraît totalement déguisée en robe. Elle est plus elle-même en short et débardeur, ses cheveux courts et son air renfrogné.  

C’est un superbe film sur les enfants, filmé à hauteur d’enfant, avec leurs mots à eux, à l’opposé d’un film populaire à la Choristes, où chaque dialogue est bien  léché et les sourires figés ; ici, place à la spontanéité, cueillie comme par enchantement, petit miracle de fraîcheur juvénile, qui nous ramène instinctivement à nos dix ans.

Avec la même boîte en cœur pour les premières quenottes…






Emilie Jullin