vendredi 29 novembre 2013

L'HISTOIRE D'ALI (Part.22)

    Le lundi matin, il mit sa veste et sa chemise, monta dans sa voiture : conduite automatique direction le travail. Arrivé devant les locaux de l'assureur, Ali se dit qu'il n'était plus du tout dans l'axe, sans mauvais jeu de mot. Il se vit dans le reflet de la vitre et ne se reconnut pas. 
   Il remonta dans sa voiture, passa prendre des affaires chez lui ainsi que sa guitare. Il s'arrêta devant l'appartement familial. "Chez toi Youssef, comme tu me le répétais, songea-t-il. Pas chez moi."

  Il monta jusque devant la porte d'entrée, et huma l'air du couloir. Ce vieil air vicié, chargé de tous les souvenirs qui l'encombraient. Une odeur de cave moisie, mélangée aux épices du ras el hanout et de l'ascenseur, qui resterait familière à Ali pour l'éternité. Familière, proche, connue, mais pas forcément reliée à la joie. Que c'était difficile pour lui, d'accepter que ce qu'il connaissait le mieux, que ce qu'il avait cru toute sa vie son seul lot possible, soit en fait une part de ténèbres malheureuse, qu'il avait soudain envie d'effacer ! Que c'était compliqué d'arrêter le sentimentalisme crétin qui le poussait à s'apitoyer sur le sort de sa pauvre mère et sur le destin tragique de son père ! Il en avait assez de cette nostalgie qu'il traînait avec ses guêtres depuis son enfance. Marre de ces fantômes accrochés à ses basques qui l'empêchaient de respirer librement. 

   "OK, cette cage d'escalier pue. Tout simplement. Elle a abrité mon enfance, mon adolescence. C'est ainsi. Je ne vais pas y croupir plus longtemps. Qui me retient ici, si ce n'est des souvenirs ? La voisine, Mme Ramoux ? Elle est sympa, mais je vais pas faire ma vie avec elle... L'appartement ? La chambre de maman ? Ses affaires ? Le père ? Lui parler juste parce que c'est mon père et que je lui dois le respect ? Alors qu'il me traite comme un chien ? Y a un moment, tendre l'autre joue, c'est aussi savoir partir et arrêter le désespoir, non ?!" 

   S'il y avait bien une chose que Simone et la musique lui avait apprises, c'est que le sens de la vie même était beaucoup plus simple que ce qu'il croyait depuis des lustres. Que s'emmerder la vie avec un boulot auquel on ne croit pas, se culpabiliser pour un oui ou pour un non, se sentir rejeté par sa famille, ce n'était pas là le vrai sens de la vie. On lui avait pourtant répété depuis petit que "la vie c'est pas du gâteau, et que va falloir en baver, mon p'tit gars". Il avait juste envie de se retourner vers ses parents et de leur dire : "Hé, c'est pas si grave, la vie. Regardez moi : tout va bien ! Détendez-vous ! Oui, même avec des impôts à payer, un alzheimer, les charges de copropriété, le bruit de l'autoroute au loin, le brouillard en hiver, l'augmentation du fioul, oui, même avec tout ça, la vie vaut la peine d'être vécue ! Car en fait, tout ça, ce n'est pas vraiment la vie ! Regardez autour de vous ! Ouvrez les yeux ! Mais surtout : détendez-vous ! Marrez-vous ! Prenez du plaisir !"

  Ali se dit que ses parents ne l'avaient jamais vraiment laissé prendre du plaisir. Ils avaient coupé en lui sa spontanéité, sa créativité : sa joie de vivre, tout simplement. A force d'être brimé, il avait fini par se taire, par entrer dans l'étroit moule qu'on lui proposait, le seul dans lequel il pouvait se couler pour survivre, pour prendre la seule forme qui ferait que ses parents le toléreraient sous leur toit. 
"ça doit être ça aussi, le sens de ma vie. En passer par tout ça.
Je regrette rien", articula-t-il en posant un baiser sur la porte avec sa main droite, puis il tourna les talons.

Adieu Châlon. I'm gone.

                                                                                                                                                   HEM

dimanche 24 novembre 2013

SE REALISER : PASSER A LA POSTERITE ?

Me réaliser c'est mettre en acte les idées que j'ai. C'est essentiel d'utiliser son potentiel tant qu'on est vivant.
Le laisser en friche reviendrait à ne pas se réaliser ; c'est-à-dire de passer à côté de sa vie ? Passer à côté de ses potentialités, n'est-ce pas la définition de la frustration ?
Qu'est-ce que ça serait bien de se réaliser au quotidien, sans se poser de questions...
Petite enquête : vous réalisez-vous au quotidien ? Si oui en faisant quoi ? Si non, qu'aimeriez vous faire ?

Laisser une trace de son passage sur terre, ce n'est pas du tout un enjeu pour moi, ce qui est important pour moi, c'est de m'éclater pendant que je suis en vie. Faire ce que j'aime faire et partager cela avec d'autres, c'est ce qui est le plus important pour moi.

                                                                                                                                                             EM

jeudi 21 novembre 2013

ELLE EST BONNE, LA COLERE ou la petite mélodie du bonheur en ré mineur

   Le corps ne nous trompe pas. Si on se sent mal, c'est pour une bonne raison. Et parfois, un tout petit rien suffit. Se sentir vaguement triste, en colère, frustré, puis laisser la chose enfler en soi jusqu'à la déprime ou la morosité, vous connaissez ? Oui . OK, moi aussi.

   Tout simplement se connecter à ce que l'on sent, plutôt que d'essayer d'effacer l'impression. De toute façon, ça ne marche pas. Alors, à cette nouvelle mode de la "gestion d'émotions" et autres coaching sensés nous détourner de ce que l'on sent, je réponds : SENTONS, au contraire. Vous avez peur de quoi, sérieux ? Pensez vous VRAIMENT être les seuls à ressentir de la colère, du désespoir, de l'excitation ? Mais non, voyons, c'est même la chose la plus répandue chez l'humain. 
Attention à ne pas déborder, me direz vous. C'est facile : SENS au moment où l'émotion t'étreint, c'est LA SEULE solution. Elle cherche juste à te dire quelque chose sur toi ou sur la situation.

Ta colère a un sens, c'est une étoile qui guide
                                     

   Moi, je sais que souvent, je me sens triste et vulnérable à tout. L'insécurité affective dans laquelle j'ai baigné enfant et ado ont généré ce mécanisme de défense en moi. Je suis bien plus heureuse depuis que je l'ai accepté. La colère FURIEUSE que je ressens envers la ou les personnes qui m'ont fait du mal quand j'étais petite et vulnérable est SAINE. Si je ne la ressentais pas, ce serait à mon détriment. Chercher à pardonner ? ça me fait doucement rigoler. Vous pardonnez, vous, à ceux qui vous font souffrir alors que vous n'êtes pas en posture de vous défendre ? En tout cas, vous leur en voulez, et devenez méfiant. C'est tout à fait salutaire, à moins d'avoir envie d'enrichir la sécu à coup de congé maladie pour cause de déprime généralisée. Oui, gâcher votre vie et votre bonheur terrestre par loyauté envers ceux qui vous ont abîmé (même involontaire, le crime non prémédité n'en reste pas moins un crime !) n'est la solution que des masochistes.

   Sentir la juste colère qui nous anime envers celui qui nous a fait souffrir, c'est le premier pas pour restaurer sa dignité. Oui, avoir envie de le taper, de le buter, pourquoi pas... de le gifler, de le secouer pour lui faire prendre conscience. Oh la la la, c'est bien violent tout ça !! Et après ? C'est gênant ? Justement le fait de conscientiser ça évite le passage à l'acte ! Mais oui, les criminels et serial killer ou violeurs, dans 90 % des cas n'ont pas été capables de s'exprimer sur ce qui les taraudait. Ils ont agi compulsivement, débordé par des émotions qu'ils ne comprenaient pas.

  Moi, je me questionne, et j'en ai assez d'être la gentille compréhensive. Je suis celle que je suis. Et ma colère est belle, elle me donne des ailes. Pour m'envoler loin des tyrans domestiques de la vie courante, ceux qui emmerde leur monde afin de régner au moins sur quelque chose, ceux qui se défoulent sur l'autre plutôt que de gérer leur marasme et leurs traumas comme des grands. 
Pas de pitié pour les empêcheurs de vivre, pour les rabats joie ! Ceux qui s'arrogent un droit sur d'autres humains, sous prétexte qu'ils sont plus âgés, plus riches, plus célèbres... plus cons, oui !

     Je dédie cette fugue en ré mineur mélodie colérique du bonheur à tous ceux qui se voient sans fard dans leur miroir.
                                                                                                                                                         EM

L'HISTOIRE D'ALI (Part.21)

   En se réveillant aux côtés de Simone, Ali n'en cru pas ses yeux. Il avait l'impression d'avoir tout gagné en si peu de temps ! 
C'est en allant à pied à la gare que les choses anciennes l'assaillirent. Plus il marchait à travers les rues de Lille, plus une colère inextinguible montait en lui. Il était le premier surpris, car il avait passé un merveilleux week end, plein de promesses amoureuses et artistiques, et rentrait chez lui satisfait. Non, c'était autre chose. Quelque chose de plus fort et profond, qui lui vrillait les tripes. D'où lui venait cette énergie soudaine ? Il aurait pu marcher des centaines de kilomètres. Il aimait Simone et se savait prêt à prendre le risque de souffrir, cela en valait la peine. Il n'avait aucune peur. D'où lui venait ce sentiment de puissance ? Pour une des premières fois de sa vie, il sentait qu'il avait sa vie en main... alors pourquoi cette révolte qui sourdait en lui ?

    Il avait envie de hurler. Putaiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnn ! Il avait mis un bon vieil ACDC sur son Ipod, et sentait une joie immense  mêlée à de la fureur l'envahir, en route for Highway to Hell

   Et TOUT ressurgit. TOUT prit sens de son enfance et adolescence, de ce qu'il avait vécu et subit en fermant sa gueule. Toute sa vie il avait fait profil bas, et là, maintenant qu'il vivait pour lui, il ne pouvait tolérer que cela reste impuni, ou non révélé. 
   Humilié toute sa vie par un père tenant plus du tirant domestique que du papa gâteau, couvert par une épouse dévouée, sous sa coupe; vers qui Ali aurait-il pu se tourner ? Pas de vagues était le leitmotiv, jusqu'à faire semblant d'être un petit garçon heureux et normal, jusqu'à couvrir les brimades permanentes, les bleus à l'âme bien plus douloureux que ceux du corps.
"J'ai des raisons légitimes de lui en vouloir, à ce Youssef. En tant que père, il a été plutôt misérable, et non-content de ne pas me donner d'affection, il s'est employé à me pourrir la vie. Il n'aurait pas supporté que sa descendance s'éclate plus que lui." 
   Ali avait l'impression de ressentir enfin pour ce père la haine méritée, celle que l'on ressent envers ceux qui nous ont tenté de nous détruire. Ali avait du mal à réaliser que c'était aussi simple que cela. En tant que père, Youssef avait été exécrable, et il n'y avait rien à ajouter. ça ne faisait pas de lui quelqu'un de foncièrement mauvais, juste quelqu'un qui avait mal agi, et cela impunément. Cela allait changer. Pourquoi vouloir enjoliver les choses ? Pourquoi et pour qui ? Pour protéger qui, si ce n'est le coupable ? 

   "Ma mère ne m'a jamais vraiment protégé, mais petit, c'est la seule qui m'accordait un peu de temps, alors c'est sans doute pour ça que je me suis attaché maladivement à elle. Un petit crève sans ses parents, c'est leur putain de rôle ! J'avais pas à me sentir redevable et reconnaissant de la moindre miette d'attention qu'ils me donnaient !" La colère le submergeait par vagues, et il se laissait emporter, il voulait aller jusqu'au fond. Savoir ce qu'il y avait au fond. Herbie Hancock succéda au hard rock, et le rythme de la funk prodigieuse de Man-Child se déversèrent dans son coeur. Trop bon, pensa-t-il.

   Il se sentait dédouané du devoir de reconnaissance envers ses parents, celui que la religion prône. "Je crois que j'attendais encore une complicité avec lui, un peu d'amour. Mais putain Ali, ouvre les yeux ! ça viendra jamais ! Pourquoi t'escrimer à être comme Youssef voudrait que tu sois ? Tu seras jamais "convenable", ton "attitude", comme il dit, sera toujours la mauvaise ! T'as tout tenté avec lui..."

   Ali avait tant essayé de communiquer avec son père. Il aurait tant aimé, comme les autres garçons, partager quelques trucs avec son père. Ne serait-ce qu'un bonjour, quand il rentrait de l'école, plutôt que d'être ignoré, jusqu'à être surpris un jour, quand le voisin lui serra la main. Ali avait failli lui demander : "Mais vous me voyez ? J"existe alors !"
Ali comprit ce matin là, réchauffé en marchant sous la pluie, que le problème ne venait pas de lui. Simple constat qui prenait pour le jeune homme de 25 ans l'aspect d'une révélation vitale. Non, il n'avait pas été la cause de ce désamour et cette humiliation constante de la part de son père. C'était la responsabilité de Youssef et sa femme, ça n'avait jamais été celle d'Ali. "Moi, je n'aurais rien pu changer à leur façon de voir la vie et de gérer toutes leurs casseroles. D'ailleurs, à croire que mon père a pensé que mon rôle sur terre était d'être un déversoir à rancoeur et qu'il pouvait se soulager sur moi autant qu'il le voulait. Putain, c'est cool d'avoir un petit gars sans défense que tu peux brimer et martyriser autant que tu veux, ça t'a fait du bien, connard ? Tu t'es senti puissant ?" lança Ali à haute voix, shootant dans une canette sur le trottoir, faisant sursauter une passante devant lui. 

   Ali continua d'un bon pas en direction de la gare, plus très loin. 
Il pensa à toutes les fois où il avait essayé de communiquer son désarroi autour de lui. Mais son père était intelligent, et avait le culte de l'apparence. Il savait parfaitement manipuler les gens autour de lui, afin de ne jamais laisser transparaître devant témoin de sa manière d'être dans l'intimité de leur grand appartement. Jamais il n'aurait frappé ses enfants et sa femme en public. Par contre, aller répandre dans la famille que son fils avait des troubles mentaux et qu'il était victime de son mauvais fils, ça avait longtemps été sa défense, et causé bien du tort à Ali. Maintenant il s'en fichait éperdument. "Si les gens sont assez cons pour croire le bourreau, ça les regarde. Il est plus fort que la victime, les gens ont peur de lui. Mais c'est fini maintenant, je ne suis plus la victime. Ce monde là disparaît, en tout cas je le souhaite. Je vis ma vie, il vit la sienne." 

   Quand il arriva sur la quai du TGV, il sentit des mains se poser sur ses yeux et se retourna. Simone était devant lui, un grand sourire éclairant son visage.
"- Alors ? On part comme un voleur ?
 - Mais je ne voulais pas te réveiller. Je t'ai laissé un mot...
 - Encore heureux ! J'ai pris un taxi, j'avais envie de te dire au revoir... le plus beau gars de Lille qui s'en irait sans me dire au revoir ?

Il la prit dans ses bras et la serra longtemps, longtemps, longtemps... Il avait encore les palpitations de son coeur ancrés dans le sien quand il s'assit sur son siège.

                                                                                                                                                          EM

mercredi 20 novembre 2013

PARI : REGLE DU BONHEUR N°1

Salut, voilà, j'aimerais faire une sorte de pari avec vous, afin d'établir LES REGLES DU BONHEUR. Immuables. Intemporelles. Internationales.
Chaque semaine, j'établis une règle et la respecte, en notant scrupuleusement les réactions qui en découlent et leur impact sur mon état de bien-être.
Je vous propose de la suivre aussi et de me donner votre feed-back, et pourquoi pas, me donner les vôtres, propres. 
Les règles ne sont pas par ordre d'importance, mais plutôt comme l'inspiration les amène dans mon quotidien au moment où j'écris.

Chutes de Langevin Réunion
Faites couler la beauté des paroles

REGLE N°1 :
"Faute de bois, le feu s'éteint" (la Bible). Si je parle de quelque chose, cela va nourrir son feu, cela va la faire exister encore plus. Ainsi, dire du mal de quelqu'un, non seulement n'aide pas la personne, mais ne nous apporte RIEN.
Pour ma part, j'évite les "bavardages de bureau", où l'on daube sur le dos d'un collègue/ ami/ parent (toujours en son absence, vous avez remarqué !) en jouissant du sentiment de connivence procuré par l'alliance temporaire. J'ai pris cette habitude et je peux vous dire que je me sens nettement mieux. Certes, je m'exclus de quelques "bonnes" tranches de discussion, mais sur le long terme, les conséquences en sont bien plus profitables. Parfois, on se sent pris en otage en public, comme forcé à donner son opinion, ou à suivre l'avis général, mais rien ne nous y oblige ! On prend vite le pli, essayez, vous verrez. Une semaine sans jugements sur autrui proféré à voix haute en son absence. S'adresser à l'intéressé, si vraiment vous avez quelque chose à transmettre.

Oui, la parole est créatrice. Nourrir le feu d'une idée permet de la concrétiser. Ce que l'on dit sur soi-même est très important. Un ami à moi, qui gagne très bien sa vie (si l'on peut considérer que 4 fois le smic est un bon salaire), va à pied au travail, n'a plus de charge de famille, et un petit loyer, dit sans cesse qu'il doit "faire attention ce mois-ci" car il n'a plus un sou. Cela fait dix ans que je l'entends dire cela, et vraiment, cela m'épate : comment se débrouille-t-il ? Il ne s'offre pas de vêtements de luxe, ni de restaurants, et vit simplement. Il n'a jamais d'argent de côté, et le répète à l'envie. Et bien, le résultat est qu'il se confond avec cette image de fauché, et que c'est l'idée que l'on a de lui. Et que le pire, c'est qu'il vit dans cette idée du manque et de l'insécurité financière, qui devient donc bien réelle : il est persuadé d'être pauvre ! Avec 4000€ qui tombent chaque mois ! S'il voulait améliorer sa situation, il serait bon déjà qu'il prenne conscience de ce qu'il projette, mais ça, c'est une autre histoire... Et oui, accepter sa responsabilité dans la création d'une situation est parfois bien difficile. Car c'est accepter aussi que la solution vient de NOUS !

Je compte sur vous !
                                                                                                                                                              EM


mardi 19 novembre 2013

L'HISTOIRE D'ALI (Part 20)

   "Mais putain, de quoi ai-je peur, bordel ?"se demandait Ali en tournant en rond devant la chambre de Simone. ils étaient descendus dans un hôtel du centre de Lille, et à 4h du matin, ils étaient tous allés se coucher.

  Il se doutait vaguement que Xavier était dans la chambre avec Simone, mais ce n'était qu'une supposition. "Enfin, je suppose qu'après s'être embrassés, ils doivent pas jouer au Scrabble. En même temps, ils se connaissent depuis longtemps, ça ne veut rien dire... Elle me plaît, ou quoi ? Putain, nan, elle est quand même trop spéciale, cette meuf... Je me lancerais dans des galères avec elle, ça serait n'importe quoi... Allez, je vais me coucher. Au même moment, il entendit un bruit derrière la porte, et se recula de quelques mètres, dans le renfoncement du couloir. Simone ouvrit la porte et sortit en chemise de nuit, son paquet de cigarettes à la main. Elle leva les yeux et l'aperçut :
"Putain, Ali, qu'est-ce que tu fous là ? Quelle peur tu m'as faite !
- désolé. En fait, ça fait un petit moment que je suis devant ta porte, j'avais envie de te voir.
- Hein ? ça va ?
- Ecoute, c'est sans doute complètement con, mais... je crois que tu me plais.
- Ce soir ? comme ça ?
- Exactement. 
Simone se mit à sourire. Il ne savait pas comment interpréter cela, alors sans réfléchir, il s'avança et la prit dans ses bras. 
- Attention, je vais t'embrasser... t'es prête ?
Elle éclata de rire et nicha son visage dans le cou d'Ali.
- Laisse moi cinq minutes, tu me prends vraiment de court...
Il lui caressa les cheveux tendrement... et quand elle leva le visage vers lui, ils s'embrassèrent. Elle oublia sa cigarette et ils retournèrent dans sa chambre à elle. 
Se connaissant finalement assez peu, il fut touché par la douceur de sa peau, et elle, par la dextérité de son amant. C'est ceux qui se vantent le moins qui sont les meilleurs amants, pensa-t-elle, ça confirme ma théorie.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                           AIM

samedi 16 novembre 2013

REGLES DU JEU MENSTRUEL ( n°2 )



   Quelle satisfaction, tout de même, d'avoir ses règles. Satisfaction. Petit sourire en coin. "C'était donc çà, la mélancolie et l'énervement d'hier !" La joie de s'octroyer une raison valable pour tous les maux d'une journée : elles ont bon dos, quand même, nos ragnagnas !
Bref, bien contente de les voir arriver hier, même douloureusement ; et la joie de voir la tête compatissante de mes amis masculins me demandant pourquoi j'ai annulé la soirée vaut bien cela ! Le respect dû à ce qu'ils ne connaissent pas grandit la chose et la rend impressionnante. J'adore.

Chez les Musulmans, la femme qui a ses règles suspend son ramadan, et reste en dehors de la Mosquée. Dans les temples indiens, il est inscrit à l'entrée que les femmes qui ont leurs règles ne doivent pas rentrer. La femme impure chez les Juifs ne dort pas dans le lit de son mari. Signe de souillure ? Pour quelle raison ? Difficile de trouver des réponses claires... si vous trouvez des raisons sensées, dites toujours...

Red blood yin and yang

En tout cas, c'est une différence fondamentale entre le principe masculin et le principe féminin. Ce phénomène de renouvellement n'existe pas dans le corps des hommes. C'est comme une libération de quelque chose qui gonfle, monte, menace d'exploser, puis pfffffffffffff, se dégonfle comme une baudruche, avec l'écoulement du flot sanguin. Cette impression étrange de littéralement sentir sa muqueuse utérine se déliter (beurk, pensent les hommes) les jours de douleurs intenses. Quand je connais la cause exacte de la douleur, je souffre bien moins, sans doute la tension psychologique de la peur qui s'efface. Cela faisait des années que je n'avais pas ressenti ces crampes-là. Adolescente à nouveau, j'ai "senti" mes règles. ça m'a fait plutôt plaisir. En gros, tout fonctionne bien là-dedans : good job ladies Ovaries ! 

Je suis une femme, quoi, comme la moitié de l'humanité !
Une femelle, comme la moitié des êtres vivants !
Une entité yin, comme exactement la moitié de la sphère !

                                                                                                                                                  EM

L'ENTRE DEUX

Petit vortex magique
Qui me permet de sentir
De voir
De vibrer
à l'unisson de la beauté de la nature.

Petit village merveilleux,
Tiré d'un conte de fées
Où l'on peut demander ce que l'on veut à l'univers :
Il vous l'octroie
Suffit d'être sincère.

Petite île protégée,
Perdue dans l'océan indien,
Tu me retiens
Par ta douceur languissante.
Ici, pas  de cheveux blancs,
Mais rajeunissement et retour à la source.

Petit univers délicieux, où en bas
La plage nous tend ses bras,
La montagne nous surplombe de ses contreforts protecteurs.
Les habitants y sont tranquilles :
"Vis ta vie, fleur des îles, semblent-ils dire,
Sois heureuse, nous en faisons de même."

Ici, je vis. Pleinement. Chaque journée est belle et différente. Intense.
Pas rose. Plutôt bleue, verte, grise, rouge, noire, brillante, éclairée.
Ici, ma vie a un sens. Elle s'ancre dans le quotidien
De toutes les tâches que je fais,
De tout ce que je vois,
De tous les échanges que j'ai,
Dans ma solitude même,
Qui devient féconde.

                                                                                                                                                        EM
(qui non non, ne travaille pas pour l'Office de Tourisme de ce village !)

Vue de ma terrasse, village de L'Entre Deux

jeudi 14 novembre 2013

REGLES DU JEU MENSTRUEL (n°1)

    Y'a la moitié de l'humanité qui tâche des draps avec du sang, au moins une fois dans sa vie.
Y'a la moitié de l'humanité qui a ses règles. Depuis que le monde est monde, on essaie de ne pas en foutre partout, promis ! Pourquoi se sent-on si gênée, quand ça nous arrive, alors que c'est si naturel ?

  Si les hommes avaient leurs règles, ce seraient une boucherie, rien qu'à voir l'état de leurs toilettes publiques, comparées aux nôtres. 
Annie en a mis partout

   S'il y a bien un truc qui tâche, c'est le sang. Pourquoi se répand-il insidieusement encore plus quand on n'est pas chez nous ? Mystère de la nature, qui par cette leçon veut sans doute nous pousser à enfin accepter cette part de nous. 
     Le petit embarras, au matin, quand on réalise que non seulement on a bousillé une culotte (irrécupérable), mais que malheur, le matelas de notre grand-tante, nouveau mec, ou encore plus gênant..., n'a pas de protection ! Alors que nous, si ! Même plutôt deux fois qu'une ! Quand les règles décident de fuir, il n'y a rien à faire : on ne lutte pas contre les forces de la nature.

   Depuis deux semaines, mon corps implosait dans l'attente libératrice de mes règles (qui ont leurs propres règles en matière de calendrier). Deux longues semaines de seins gonflés comme des pastèques, de jambes lourdes, d'irritabilité (que j'ai élégamment mis sur leur compte ), ainsi que d'un inexplicable sex-appeal, qui m'a valu des hommages masculins surréalistes (je devais dégager double-dose de phéromones).
Et hier, tatatata.... les Anglais sont arrivés ! Tante Roberte est là ! Les ragnagnas ! Alléluia !
Avec son lot de questions : merrrrrrrrde, et si le matelas du nouveau meublé que j'habite n'a pas de protection ? 
Puis, de penser que si la moitié de l'humanité a ses règles, alors A BAS LA DICTATURE DE L'EMBARRAS ! Tout ceci expliquant cela. 

                                                                                                                                Bien sanglantement,
                                                                                                                                                    EM
                                                                                                                                 

COPACABANA de Marc Fitoussi

Sorti en  2010. Un film qui donne de l'espoir aux inadaptés du monde moderne !


       Une merveille pure de réjouissement, attention, vous risquez de réveiller vos voisins tellement vous riez fort (enfin, si vous êtes comme moi) !
Babou (fantastique Isabelle Huppert), légère, fofolle et généreuse, n'est pas un modèle de réussite sociale. Elle est un peu à côté de la plaque, parle fort à la bibli et son meilleur copain est joué par Luis Régo, c'est dire. Elle habite dans un appartement coloré, à Lille, et a une fille de 22 ans (Lolita Chammah, sa propre fille dans la vie), étudiante sérieuse de Lettres. 

   Laissez vous emporter par la folie de Babou, contagieuse, qui n'est en fait qu'un refus du conformisme bête et con, et par son appétit pour la vie, parfois bien rude pour les doux rêveurs comme elle, un peu inadaptés.

Imaginez quand, pour redorer son image de marque auprès de sa fille qui va épouser un jeune cadre dynamique, celle-ci accepte de un travail à Ostende qui consiste à vendre des appartements luxueux en Time Sharing. 

   Rien que pour les scènes où elle découvre ce nouveau milieu commercial mesquin et intéressé, le film vaut le détour, avec un sommet pour les scènes jouissives avec sa coincée de collègue avec qui elle est obligée d'habiter.


   La réussite du film tient dans la subtilité du monde évoqué, aucun des personnage n'en fait jamais trop. Ce n'est ni exagéré ni cliché, ça sonne TELLEMENT JUSTE, que c'est pour cela que l'on rit autant.

   Des Babous, dieu merci, y en a plein, ( je me suis fort reconnue dans ce décalage constant entre le monde performant commercial, et le monde poétique où le temps ne compte plus).
Parce qu'au final, ce qui compte le plus... c'est encore de vivre comme on a envie de vivre... semble nous dire la dernière scène du film (mais surprise, vous verrez, c'est incroyable !)

                                                                                                                                                     EM

                                                     

dimanche 3 novembre 2013

CE QUE DISENT LES MALADES AVANT DE MOURIR...

    Lisant une étude menée pendant plusieurs années sur des patients en fin de vie, j'ai réalisé combien nous avions finalement tous les mêmes aspirations. 

    La plupart regrettent d'avoir consacré trop de temps à leur travail, surtout les hommes, en fait.

  Le regret le plus partagé est celui de ne pas avoir vécu LEUR vie, mais d'avoir suivi les choix imposés par d'autres, autour d'eux. Ils réalisent trop tard que leur santé leur permettait de faire des choix, qu'ils n'ont pas fait, et c'est leur entière responsabilité. 
  En fait, il s'agit de toujours revenir à soi et à ses propres aspirations, celles que nous seuls pouvons connaître. Leur consacrer du temps et de l'énergie, il n'y a que NOUS pour pouvoir le faire. Moi, j'aime chanter, peindre, écrire, jouer la comédie, et bien je le fais chaque jour de ma vie, parfois même 5 minutes suffisent à me rendre heureuse. Un jour où je n'ai pas créé est un jour perdu pour moi.

Poisson-lune ( pièce n°1 PUZZLE FRISE) par EM 01/11/13

   Les gens au seuil de la mort regrettent aussi de ne pas avoir exprimé leurs émotions aux personnes concernées, dans le but de ne pas faire de vagues. Mais au final, la relation était entamée par la rancoeur, et eux-même reconnaissent s'être rendus malades à garder pour eux des ressentiments ou l'amour qu'ils ressentaient. On est toujours gagnant à dire le mieux possible ce que l'on ressent face à l'autre, car le lien s'en trouvera renforcé, et sinon, on est débarrassé d'une relation guère épanouissante. Oui, faire un peu de vide autour de soi à du bon, et être VRAI aide à cela.

   Ils regrettent également de ne pas avoir consacré plus de temps à leurs relations amicales, qui s'avèrent être le sel de la vie. Le travail, la vie speed et bien remplie met de la distance, et c'est souvent sur le lit de mort que les gens souhaitent revoir leurs vieux amis, or, la maladie et la faiblesse les empêche de faire les recherches nécessaires. Ils réalisent que la seule chose qui reste dans la vie est les relations affectives et amicales. Tout le matériel n'a plus aucune valeur. 

  Ils disent aussi regretter de ne pas avoir été plus légers, détendus, joyeux, comme s'ils ne s'autorisaient pas à être heureux, tout simplement ! Il s'agit d'un CHOIX, encore une fois. "Oui, facile à dire, mais alors les pauvres petits africains qui meurent de faim, comment font-ils ?" Voyons, voyons, pas de bêtises, la commisération n'a jamais aidé personne, et de plus, qui vous dit que les pauvres petits africains ne sont pas bien plus légers et heureux que vous ? De plus, là, on vous parle de VOUS, de VOTRE attitude devant CHAQUE évènement, pas de commenter les infos de JP Pernaut. S'autoriser à être heureux, sans dépendre de facteurs extérieurs, c'est possible. On n'a pas dit d'être euphorique chaque instant qui passe, non ! Etre vrai, cela repose et permet d'être détendu. 

"ANGELS" par EM, église Cluny, sept 2013


   Voici les cinq points communs entre TOUS ces mourants, ça fait réfléchir, hein ?! J'ai pris conscience tôt dans ma vie, à cause ou grâce à des circonstances assez dramatiques, de la préciosité des liens avec les gens qu'on aime. J'en suis reconnaissante à la vie.
   Aujourd'hui c'est la Toussaint, j'ai une pensée pour tous mes chers défunts, ils vivent toujours dans mon coeur, et m'accompagnent toujours dans ma vie. Je les aime fort. 
                                                                                                                                                        EM



vendredi 1 novembre 2013

BLUE JASMINE de WOODY ALLEN Attention chef d oeuvre !

     Waow, the last Woody is ABSOLUTELY AMAZING !
   Jasmine, belle blonde "classy" new yorkaise, interprétée par une Cate Blanchet à fleur de peau, vient habiter chez sa soeur à San Francisco, après le désastre matrimonial et financier qui l'a dévastée. Et pour cause, elle était mariée à un "Madoff" en puissance, qui la trompait et trompait son monde dans les affaires. 
Le fossé qui sépare Jasmine du genre de vie que mène sa soeur est abyssal. Elle va devoir faire face à la dure réalité d'un autre monde que le sien.
Mais tout serait trop simple si le film énonçait une évidence : que la vérité dans le couple permet une vie plus douce, par exemple, ou que l'amour fraternel et familial est plus fort que tout. Non, tout est ici balancé au spectateur, qui ne peut que suivre Jasmine sur son navire, secoué par des tempêtes toutes plus énormes les unes que les autres. Et que penser ? Qu'elle n'est qu'une snob de la Vème avenue, incapable de s'intéresser vraiment aux autres ? Que sa soeur ne sort qu'avec des minables avachis devant des matchs, leurs bières à la main ? Finalement, peut-être que sa soeur est plus heureuse avec ce genre de gars, car ils lui correspondent ? Et Jasmine ? Est-elle heureuse de se marier avec un homme qu'elle connait à peine, juste parce qu'il lui permet une vie fastueuse et bien classique, en sécurité sur un paquebot de luxe ? Que veut nous dire Woody ? Sa narration est une réussite, alternant flash back et scènes actuelles.

                                    blue-jasmine_jasminejpg

    La force de ce film réside dans la qualité de l'interprétation de Cate Blanchet, qui reflète l'intériorité tourmentée de cette si "superficial and selfish girl" avec tant de vérité que l'on ne peut que s'identifier avec elle. Les lieux sont filmés avec brio : New York et San Francisco, avec plus de réalisme que ses derniers films (Barcelone ou Rome étaient idylliques, ici, on a une image plus "juste"). On revient à des films intenses des 80's comme Interiors ou Manhattan, avec le glamour et le stupre d'un Match Point.
Woody semble s'être interrogé sur la notion de "fake" and "true". Du vrai et du faux, à l'image des diamants que Jasmine reçoit en gage d'amour. Que veulent-ils dire si elle est constamment trompée ? Que recherche-t-elle dans sa vie ? Juste à acheter des robes Chanel et à recevoir dans leur immense appartement ? Et les différentes classes sociales ne peuvent-elles pas se côtoyer ? Est-ce si difficile d'avoir de vrais rapports quand un couple a une maison de vacances dans les Hamptons et l'autre un appartement loué dans un quartier populaire de San Fran ? La vie se résume-t-elle à cela ? Sommes-nous SI conventionnels ? Seriously !

    Ce film donne une leçon, très rude, sur les choix que l'on peut faire dans sa vie, sur la confiance que l'on fait à l'autre ; et l'on sort en se disant qu'il est peut-être préférable dans la vie, de (ne!)compter (que!) sur soi.
This movie is just...... WAOW ! Pour moi, grande fan de Woody, un de ses meilleurs, et pas des plus légers.

                                                                                                         EM (who is still in NY and San Fran)