Pourquoi est-ce si
difficile d'être heureux avec ce que l'on a, de se dire : c'est
ma vie, ça y est, c'est ça ? Pourquoi veut-on toujours plus et
que cela entrave-t-il le bien-être de l'ici et maintenant ?
Cela s'apparente à une
course perdue d'avance, absurde, qui nous fait regarder nos photos de
jeunesse avec nostalgie : « J'étais jeune et mince,
pourquoi n'en ai-je pas plus profité ? Quand je pense que je ne
m'aimais pas, que j'étais complexée... alors qu'en fait, j'étais
pas mal du tout ! ». Vain.
L'angoisse est par
définition souvent une peur du futur. Peur de ne pas pouvoir tout
prévoir, peur de ne pas avoir tout sous contrôle. Pouvoir tabler de
manière sûre sur mes plans futurs me relaxe. Mais souvent, je
laisse mon esprit s'emballer dans d'innombrables détails techniques
et logistiques, qui m'empêchent de jouir de l'instant présent. La
clé pour jouir de l'instant présent étant d'être relâché,
détendu, ouvert à ce qui se présente, sans attentes inconsidérées.
J'aime profondément
travailler, être active et utile, à moi-même, aux autres, à la
société. Mais il y a un monde entre ce désir pur et les
possibilités que m'offrent le monde du travail actuel. Je suis
serveuse pour l'été dans un restaurant, petit job saisonnier qui
m'amuse de prime abord, me permet d'être active tout en gagnant de
l'argent. J'adore apporter la nourriture, échanger avec les clients
étrangers, leur préparer les desserts, et même essuyer les verres
et servir les boissons derrière le comptoir. Mais le plus difficile
dans ce travail, c'est gérer les supérieurs qui jouent aux
chefaillons. Le manager nous donne moult ordres contraires afin de
mieux nous prendre en faute pour se défouler. Blagues misogynes,
remarques sur le physique, tutoiement, pour l'instant d'après être
odieux et nous faire remarquer devant le patron que le vouvoiement
est exigé, soudainement.
Le plus dur à
gérer dans un travail, n'est pas forcément la tâche en elle-même,
mais le manque de reconnaissance du supérieur et les relations
humaines de pouvoir et d'asservissement. Le salaire est aussi une reconnaissance, et à 7,50 € de l'heure, je me demande bien quelle reconnaissance est possible, surtout pour un travail aussi physique et épuisant.
Quand je fais quelque
chose, en général, je ne le fais pas à moitié. Ou alors, je ne le
fais pas. C'est facile. J'estime que se presser avec des plateaux et
assiettes plein les bras dans une cuisine au carrelage mouillé
glissant comme une patinoire est stupide. Dont acte, je marche à mon
rythme, en essayant d'être le plus détendue possible, et la plus
souriante aussi envers les clients. Et bien, le sourire semble
énerver profondément. Comment ? Ce n'est pas tolérable d'être
joyeuse et détachée, alors que ce poste est difficile, mal payé,
que l'on est en nage, debout 9h d'affiler, sans même le temps
d'aller aux toilettes ! Il y a quelque chose qui cloche !
Oui, mais moi, j'essaie de prendre le plaisir là où il est :
j'aime voir ces belles salades que je dépose délicatement devant
mes touristes, leur conseiller un vin de Bourgogne, voir leur sourire
quand ils découvrent que je peux leur traduire le menu, étant
trilingue, et que je peux même répondre à leurs blagues. J'amène
mes propres qualités dans ce job de serveuse, et je pense être
organisée et méticuleuse, et comprendre vite. En gros, je fais du
mieux que je peux, en respectant mon intégrité. Répondre aux
blagues salaces sur mes seins à mon responsable ne rentre pas dans
cette dernière catégorie, et je me fiche royalement qu'il pense que
je suis hautaine.
Les relations au
travail, notons-le, est pour certains un exutoire à toutes leurs
frustrations. Je ne me permets pas de parler mal à un collègue,
je ne vois pas pourquoi je tolérerais le contraire. Ne pas prendre
avec trop de sérieux toutes les remarques faites sous le coup de la
fatigue et de l'épuisement inhérents à ce métier. Beaucoup de
frustrations chez mon manager, qui cherche à se venger de sa vie
épuisante sur ceux qu'il dirige. Et pourtant, CE N'EST PAS l'UNIQUE
OPTION ! Une autre de mes collègues, ayant de longues années
d'expérience, fait son travail dans le calme, la tranquillité et la
douceur, et lorsque nous ne sommes que toutes deux, tout se passe à
merveille. Elle est respectueuse, et m'a toujours parlé
correctement, même épuisée. Je ne l'ai jamais entendu dire du mal
de ses collègues, ce qui est légion ici, où chacun déverse des
flots de critiques à l'égard des membres de l'équipe. Chacun
essayait de me faire dire du mal du patron ou du manager, car
eux-mêmes se sentaient exploités.
Que faire dans ce cas
pratique ? J'essaie d'être franche et directe, dans la mesure de ce
qui peut être reçu. Ainsi, non, je ne déblatère sur personne
derrière son dos. S'il se passe quelque chose qui me semble
incorrect, je m'en ouvre directement à la personne concernée,
de la manière la plus diplomatique possible. Travailler dans une
ambiance de ragots et de critiques perpétuelles est déprimant. Je
me fais un point d'honneur à ne pas rentrer dans ce jeu, tout en
étant lucide sur le fait que ce sera probablement mon tour
prochainement. Et je ne le prendrai pas personnellement, quand je
vois la rapidité avec laquelle chacun tourne sa veste.
Évidemment, les
relations avec supérieurs et collègues sont souvent la partie la
plus épineuse du travail. Car les tâches,les plus dures
soient-elles, trouvent une sorte de rythme machinal propre à
endormir l'esprit, ce qui fait beaucoup de bien à l'être humain,
trop pensant ! M'oublier dans mes verres à essuyer jusqu'à
devenir cette tâche ne me déplaît pas. Terminer le service en
nettoyant la salle et en redressant chaque table me donne
l'impression d'un travail bien fait. Finalement, ce que je ne
supporte pas, est de servir de défouloir, sous couverts qu'il y a de
la fatigue ou que la particularité de leur caractère est d'être
« irritable » ou que c'est le jour de la paye (jour honni
du patron). Moi, j'ai mes règles, 31jours / 31. Voilà !
Être heureux avec ce
que l'on a.... Profiter de la situation présente avec tous les
enseignements qu'elle nous procure, sans chercher à toujours
comparer avec le passé. Je ne suis pas dans une période facile car
j'ai envie de me lancer dans de grands et beaux projets, mais attends
d'en avoir l'énergie. Je ne veux pas attendre trop, je ne veux pas
m'enliser. Tich Nat Han dit que l'on ne peut connaître sa faculté
au calme que dans les grands tourments. C'est au plus fort de la
tempête que je peux exercer le calme. La nuit, les angoisses nous
rattrapent, alors que nous sommes allongés, immobiles, au calme.
Mais dans notre esprit c'est le chaos, et le noir de la nuit nous
enfonce encore plus dans les méandres de l'angoisse. S'angoisser
ne résout RIEN. Cela n'engendre que plus d'angoisse.
Se détendre,
redevenir légère comme un souffle de vie, prendre ce qui est
présentement, voilà où je reviens avec confiance et la certitude
que c'est la bonne direction. Et pour les mauvaises langues, qu'elles
soient au travail ou ailleurs, et bien tant pis, je n'userais certes
pas de leurs armes, celles la même que je critique, et peut être
découvriront-ils que la médisance n'amène rien de positif,et
que respecter l'autre dans ce qu'il est, avec sa propre manière de
faire, est la plus sûre façon de vivre ensemble heureux.
EM
dur dur le monde du travail & comme je l'ai toujours dit "les relations avec les autres c'est difficile" & dans le travail on ne peut y échapper d'autant que les personnes qui nous entourent nous sont imposées....
RépondreSupprimerla philosophie doit faire sa place & alors tout se passe pour le mieux (enfin moins pire)
BISES A TOI MILIE lili