Quelle maîtrise ! C’est le
premier mot qui me vient en sortant de ce film, grandiose, par l’aspect
réflexif de l’acte créateur du
romancier.
Le cadre est étrange, on a l’impression
d’évoluer dans une banlieue résidentielle américaine (alors qu’il se déroule bien
en région parisienne), avec des pavillons aux jardins proprets, et un père de
famille qui joue au basket avec son fils, habillé de l’uniforme du lycée ( on
se croirait dans Gossip), sans
oublier de commander des pizzas à manger devant la TV , assortie d’une mère blonde
et belle, s’ennuyant langoureusement devant des magasines de décoration,
attisant le désir de l’ami du fils. Cet ami, Claude (superbe et déroutant de
sérieux Ernst Umhauer), lycéen de 16 ans, est le narrateur pervers de cette
histoire. Pour s’introduire dans la maison de Rapha, il devient son ami, et
observe les faits et gestes de cette famille de trois personnes, « de
classe moyenne ». Il relate cela dans des rédactions journalières, sous
forme de feuilleton, à son professeur de français, interprété par un Luchini brillant,
tout en nuances et en véracité. Le professeur devient « accro » à ce
feuilleton. Mais tel est pris qui croyait prendre, le spectateur avec.
Les tiroirs de cette histoire
enchâssée démultiplient les possibilités, et le spectateur est traité au même
titre que le professeur. Etonné, amusé, intrigué… Oui, pourquoi cette
fascination pour la vie des autres ? Pour cette « maison » ?
Le cadre n’est qu’un des nombreux
clins d’œil d’Ozon à tous ses maîtres, d’Hitchcock avec Fenêtre sur Cours, aux feuilletons TV actuels, aux plasticiens (la
femme du professeur, K. Scott Thomas, tient une galerie d’art moderne, un régal
pour les yeux que cette expo porno, avec ces poupées gonflables à l’effigie de
Hitler), aux auteurs, sans cesse cités (Flaubert, Dostoïevski, Céline…).
La photo est sublime, les fonds
colorés et le choix méticuleux des objets rappellent le travail d’Almodovar.
Un film passionnant car il
interroge le processus de création littéraire, et plus précisément la naissance
de l’inspiration, par l’observation d’autrui… Cela ne suffit pas, il faut du
talent aussi ! Et F. Ozon en a, la mise en abyme du cinéaste, plus voyeur
que démiurge, est fascinante !
GO FOR IT !
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