J'aime les
chats car ce sont les plus sauvages des animaux domestiques, en tout
cas, très différents du chien. Ils savent s'écouter, faire ce
qu'ils ont envie de faire, sans chercher à plaire. Ils sont
indépendants, réclament quand ils ont faim, ne bâfrent pas plus
que de raison, et dorment tant, que c'en est presque indécent !
Envie d'un câlin ? Ils s'approchent à pas feutrés... Pas
envie ? Un coup de patte et on ne les revoit plus pendant des
heures...
Et moi, dans
cette histoire, où suis-je ? Tout simplement ici, en
Californie, dans une banlieue résidentielle chic au nord de San
Francisco.
My american
dream a commencé il y a des années, et j'associais tant de liberté
et de créativité au nom de San Francisco, que je me devais d'aller
y faire un tour. Je sentais que ma vie stagnait là où j'étais, et
qu'un déménagement s'imposait... cela s'est fait naturellement,
mais ce départ a généré des peurs et des attentes. L'inconnu
total.
Mon arrivée
à Chicago au beau milieu d'une tempête de neige a donné le
ton :frisquet ! Quand j'ai atteri à San Francisco,
mauvaise surprise : un froid glacial, de la pluie et du vent
m'ont accueillie. Habitant une île tropicale depuis de nombreuses
années, le contraste fut rude, d'autant que j'avais choisi la
californie pour la clémence de son climat.
Pourtant, ce
pays me réservait bien des surprises... Mon voyage débuta donc sous
le signe des cadeaux.
Une des roulettes de ma valise ayant
été cassée pendant le trajet entre Chicago et San Francisco, je le
signalais à un agent, sans aucune autre idée que leur signaler. Ni
une ni deux, il me dit qu'il allait me la changer. La roue ? La
valise ? Epuisée, je ne compris pas bien... il me demanda mon
nom, me fit signer un papier, puis me ramena une grande valise neuve,
même mieux que la mienne, et me dit que cela serait ainsi plus
rapide que s'il me réparait la mienne. J'étais abasourdie. En
France JAMAIS ceci n'aurait pu se produire. Je suis repartie acvec
mon cadeau (qui roulait décidément très bien), et après quelques
pérégrinations, suis arrivée dans l'appartement que je vais
occuper pour deux mois. Je n'ai rien aimé : ni le semblant de
ville résidentielle que j'ai traversé, ni le côté compassé des
bâtiments de la résidence. On dirait une ville du 3ème âge, pour
mémés avec leurs caniches. L'appartement est ordonné au delà de
l'imaginable, moquette épaisse partout, et une certaine oppulence
s'en dégage, le jacuzzi et la piscine en témoignent. C'est
confortable, pour le moins. Je m'y sens mal, instantanément. La
propriétaire m'a laissée des feuillets entiers de précisions sur
le fonctionnement de chaque chose... dont au moins quatre sur celui
du chat.
Car oui, aux
USA, les chats sont livrés avec un mode d'emploi.! Cela va de
comment le caresser à comment compter les cuillères de complément
alimentaire pour booster son immunité à mettre dans la pâtée, le
tout biologique bien entendu... Puis, à lui donner ses petites
« gâteries dentaires » (c'est traduit ainsi sur le
paquet), qui sont sans soja, sans blé et sans hormones, of course !
Aux EU, j'ai
remarqué que sur les paquets, on indique ce qu'ils ne contiennent
pas avant ce qu'ils contiennent ! Un bon produit sera :
gluten free, soya free, no corn, no wheat, no soy, no preservatives,
no salt, no suggar, free range, pour les œufs : cage free, sans
antibiotiques, sans hormones, sans stimulants (on précise même que
cela convient au régime végétarien) etc etc.... Il règne comme un
climat de suspicion sur la nourriture...
Des cadeaux
m'attendent dans la cuisine :un frigo plein de bonnes choses à
mon attention, ainsi qu'une carte de bienvenue et des sels de bains.
Tant de charmantes attentions me touchent, mais me font sentir encore
plus coupable de ne pas me sentir à ma place ici.
Pourquoi ?
Et bien parce que s'il ne s'agissait que de moi, je repartirais aussi
sec ! Le côté aseptisé ne me convient pas décidément pas.
Le
lendemain, jet lag aidant, je suis maussade. Il fait si froid que je
saigne du nez, l'air sec et frais sans aucun doute... je n'ai pas les
vêtements adéquats...je tente une sortie, mais me perds dans les
parkings de la résidence, et décide de rentrer au chaud, broyer du
noir en mangeant ce qu'il y a dans le frigo. La voisine vient me
montrer comment je dois m'occuper du chat, et que si je décide
d'aller faire un tour, je dois lui laisser le chat, qu'il ne reste
pas seul ( depuis quand les chats ne supportent pas d'être seuls?).
Elle me montre son panier à jouets, ainsi que comment lui lancer une
souris en plastique (pardon, en fourrure synthétique naturelle sans
produits toxiques). Le chat possède sa propre maison au sein de la
maison, une espèce de contruction à étages recouverte de moquette
beige. De loin, j'ai cru à une isntallation d'art contemporain !
Je décide de ccommencer à lire les instructions que la propriétaire
m'a laissé, mais m'arrête très vite, perdue dans les multiples
explications concernant le chat : il sait faire des « tours »
: assis, couché, donne la patte, remue les fesses... et là,
seulement là, je peux lui donner une gâterie alimentaire (je le
confesse, je lui ai donné une gamelle de gâteries, car elle
ressemblaients aux croquettes bio. Oups ! Avec ce shoot de
vitamines, il va courir partout !). Le soir, avant de le mettre au
lit, je dois lui faire faire ses tours ( de magie?), et le matin, il
a le droit de rentrer sous les draps, mais je dois avoir des gestes
très lents, sinon il prend peur... Autre recommandations au hasard :
ne pas laisser mon fil dentaire trainer dans la salle de bain, s'il
joue avec il peut l'avaler, les intestins du chat ne sont pas fait
pour le fil dentaire.
Le principe
de précaution semble être le maître mot ici. Mais que cache-t-il ?
La volonté
de contrôle ! Nous y sommes. L'américain a intégré dans ses
gênes la domestiquation de la nature. C'est plus récent qu'en
Europe, donc sans doute plus prégnant. Mais s'il a dompté la
nature, il verse maintenant dans l'extrême, et la nature semble trop
apprivoisée, comme « dénaturée ». Pourquoi craindre la
nature ? Elle pourvoit à tout !
Luckily,
une phrase fait écho en moi ce soir là, et alors que j'étais
passablement deprimée, je me suis simplement autorisée à sentir ce
que je sentais et à penser ce que je pensais au fond de moi.
« L'adaptation est une chose, se forcer en est une autre. Si
j'essaie de m'adapter à un environnement etranger à ma nature
profonde, je ressens un conflit interne, mes désirs s'opposant à
mes actions. » Alors plutôt que de m'auto convaincre que tout
est parfait comme ça, jai eu l'honnêteté de reconnaître les
choses qui ne me conviennent pas ici. Tout s'est dénoué.
EM
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire