Pourquoi nager comme un
fou alors qu'il suffit de se laisser flotter ?
Je me sens terriblement
stressée depuis quelques jours, car je voudrais contrôler la vie,
afin qu'elle me donne exactement ce que je veux. Je voudrais
l'appartement idéal à San Francisco, le loyer parfait, le climat
qui me convient... En fait, savoir ce que j'aime est plutôt du temps
de gagné. Par contre, saurais-je laisser la vie faire son œuvre ?
Car si je me laisse flotter, j'obtiendrais tout ce qui me convient,
et qui fait que je me sentirais heureuse. Et cela peut-être
n'importe où... pas seulement à SF. Je me suis laissée piéger à
parler de mon projet de nouvelle vie : lorsque l'on fait un
régime, c'est bien connu, mieux vaut le garder pour soi, sinon
chacun y va de son conseil, et tente même de nous faire fléchir.
J'avais l'impression que je devais montrer ma force et ma
détermination, mais ça me fatigue, parce que la vérité c'est que
je doute, que j'oublie parfois complètement pourquoi j'ai pris cette
décision, et que plus rien ne me fait envie. Si, la seule chose qui
me fait envie, c'est d'être dans les bras de mes parents, et qu'ils
s'occupent de moi.
Que puis je faire ?
Qu'est ce que la vie m'enseigne avec cette crise ? « Toute
véritable évolution intérieure est précédée d'une crise »
dit Guy Finley dans The secret of letting go. C'est parce que
cette crise révèle une contradiction en nous, quelque chose qui
nous faisait souffrir depuis longtemps. La crise le met à jour avec
encore plus d'acuité. Oui, ça fait mal. Et moi, oui, j'ai peur, je
me sens perdue, à la croisée des chemins. Un choix à faire, une
hésitation. Si c'est si douloureux, c'est probablement parce que
quelque chose se fait jour en moi, une vieille douleur qui remonte.
Oui, à 18 ans, je me suis retrouvée orpheline, et ce fut le
calvaire, mais j'ai fait comme si ça ne l'était pas. Alors
aujourd'hui, à 34 ans, je comprends pourquoi j'ai une si grande
envie de douceur et de réconfort. Une vie de famille en somme, où
je me sentirais en sécurité, libre d'être qui je suis, me sentant
légitime et aimée inconditionnellement.
Puis-je m'octroyer tout
cela ? Ma vie va-t-elle dans ce sens ? Que décider ?
Elle ne me convenait plus telle qu'elle était. Alors je change.
C'est sans doute ma perception aussi que je change graduellement. Je
sens parfois avoir tant besoin d'un guide, quelqu'un qui m'aiderait à
lire clair en moi quand je laisse le brouillard me gagner.
En même temps, nous
avons un cyclone ici, il balaie tout de ses rafales violentes. La
pluie torrentielle lave tout. On reste calfeutré. Protégé. Quand
tout bouge autour. Envie de rien d'autre que lire une BD dans mon lit
avec un bol de soupe, un chat sur mes pieds, mon amie, présence
réconfortante dans la maison, je me sens bien ici, chez moi, en
famille.
La vie est aussi simple
que ça.
Après le cyclone le beau
temps ?
EM
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