« Liberté, j’écris ton nom… »
Enfermé, on peut se sentir libre.
Hors murs, sous la voûte étoilée comme seule limite, on peut se sentir enfermé.
Mayotte, sublime île des Mascareignes - 2006 |
Alors, à quoi tient ce sentiment ?
D’ailleurs, la liberté, est-ce un
sentiment ? Une émotion ? Un ressenti ? Un état-d’être ? Un
état-d’âme ?
Sri Aurobindo a eu ses plus
grandes révélations, qui allaient changer sa destinée, en geôle, une détention
longue, dans des conditions plutôt spartiates, car il a su faire vivre son
intimité.
Alors, la liberté serait-elle connectée avec un sentiment de territoire ?
Sans aucun doute ! La promiscuité restreint la liberté de mouvements. Physiquement,
on peut se sentir à l’étroit, et moralement, empêché d’être qui on est
profondément.
La première geôle, c’est tout de
même nous qui nous la maintenons, à défaut de l’avoir créée. Souvent, le
milieu, la famille, la société dans laquelle on naît, nous construisent un
contexte, qui se transforme en carcan dans bien des cas. Il est de notre devoir d’humain, d’aller voir derrière les barreaux,
afin de comprendre ce qu’est le monde. Avec chacun son propre parcours,
aller du confort protégé de la richesse à la pauvreté, comme Bouddha, ou au
contraire, de l’anonymat et la pauvreté, à la reconnaissance, comme Audrey
Hepburn.
Nous sommes tous des héros en puissance, maître de notre destinée, si
nous en prenons les rênes. Alors,
est-ce cela, la liberté ? Prendre les commandes ? Puis laisser la
voiture filer ; on n’est jamais à l’abri d’une ornière sur le chemin, qui
brisera un essieu… La liberté c’est
avant-tout la liberté de faire quelque chose avec ce que la vie apporte. Une
ornière ? Soit, pourquoi pas s’arrêter un moment pour se reposer, réparer
la roue, puis aviser. On n’est jamais tant libre que lorsque l’on suit le flot
de la vie, sans trop réfléchir. Attention au sens de ce mot, il ne s’agit pas d’une
boulimie d’actions, sensée nous interdire de nous retrouver face à nous-même. Bien
au contraire, il s’agit d’accueillir au jour le jour, qui nous sommes, par ce
que nous sentons, et d’aller vers ce quoi nous sommes attirés. En modulant à
chaque instant, de manière à ne pas nous
enfermer dans des schémas obsolètes, qui nous rassurent plus qu’ils ne nous
comblent.
La plus grande des prisons pour l’Homme, c’est sa propre pensée. Mais
c’est aussi sa plus grande richesse ! Alors faisons avec, en maintenant un
juste équilibre entre pensée, esprit, âme, corps… Ne nous perdons pas dans nos
sombres ressassements.
Pour être libre, nourris ton âme ! C’est elle qui te
guide, qui sait ce qui est bon pour toi.
Trop de libertés tue la liberté ?
Certes, avoir un cadre aide à se recentrer.
Trop de choix tue le choix !
Voilà pourquoi pour tant d’otages et de prisonniers, l’incarcération a été l’occasion
d’étudier une langue, d’apprendre à lire, d’écrire un roman, de se sevrer, en
bref, de se concentrer sur l’important.
La liberté est magnifique, car
elle nous laisse les mains libres pour TOUT ce que nous voulons. A nous de l’utiliser
intelligemment, car comme tout, l’excès la transformera en arme, retournée
contre nous.
J’aime tant à entendre des
artistes parler, pour moi parangons de la liberté d’âme. Dire, faire ce qu’ils
ont au plus profond d’eux, sans chercher à convaincre, car l’important est
juste d’exprimer. Ils ouvrent une porte de perception. Être libre c’est faire exister quelque chose que l’on crée, avec les
matériaux de la vie. Tout est déjà là.
Ta liberté est déjà là. Où que tu sois, qui que tu sois. Elle est en
toi, comme elle est en la graine qui va pousser son germe hors de la
terre vers le soleil.
Quand je pense qu’un homme a
écrit un roman seulement en clignant des yeux (Le Scaphandre et le papillon), succès mondial d’ailleurs, je me dis
que l’on attend parfois d’être privé de toutes les libertés évidentes (celle de
notre corps, d’abord), pour avoir le cran de sauter le pas, et de faire
entendre sa voix.
A bon entendeur,
EM