dimanche 3 août 2014

Prendre le temps de prendre son temps... En 1800...

   Plongée dans le délicieux La mode Illustrée, Journal de la Famille, du 20 mars 1898, je me retrouve hors-du-temps, comme j'aime, décalée. La musique accompagne cet instant : plongez-vous dans my ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=2bOjuGB_g20
Le rythme était autre à cette époque, rien que la descriptions des toilettes révèle le soin particulier que l'on portait à tous les gestes essentiels de la vie : manger, dormir, se soigner, se vêtir, occuper ses veillées en famille au coin du feu, etc... Ce qui peut nous paraître maintenant futile, si "occupé" que nous sommes par mille choses quotidiennes toutes plus urgentes les unes que les autres ( néanmoins souvent peu essentielles pour le sens de notre vie).

Le ton désuet et précieux de l'article sur les gants me plaît beaucoup :
"Avez-vous entendu dire, Mesdames, que les gants étaient sur le point d'être proscrits pour les réunions du soir, et que les mains, demeurées nues, seraient alors ornées de bagues à tous les doigts? Il y a certainement du vrai dans cette rumeur, car déjà nous avons vu de nos propres yeux au théâtre et dans un salon, trois ou quatre femmes (pas une de plus), fort élégantes et des plus charmantes, qui exhibaient ainsi leurs mains surchargées de bijoux ; vous devinez, n'est-ce pas, qu'elles étaient, ces petites mains, très agréables à voir ? ; fines et blanches, souples et gracieuses, elles avaient, dans leur empressement à se faire admirer, de jolis mouvements d'oiseaux, et semblaient toutes heureuses d'être sorties de leur prison. Mais hélàs ! C'est chose rare qu'une jolie main ; et c'est pourquoi nous doutons fort que cette nouvelle mode ait chance de se généraliser ; car nous ne sommes point assez sottes pour découvrir ainsi, sans nécessité, nos points faibles. Pour tout concilier, il serait question de revenir aux mitaines. Elles sont aussi dédiées tout spécialement aux maîtresses de maison, pour présider aux five o'clock, et leur conserver leur liberté de mouvements dont elles ont besoin pour distribuer les beurrées savoureuses et mêler la crème fouettée au chocolat mousseux."
N'est-ce pas divin à lire ? Et amusant de voir à quel point la mode change et les mœurs évoluent ? Ne pas oser montrer ses mains, quelle étonnante idée ce serait à l'heure actuelle ! ? Un peu corseté, tout cela... Mais en même temps, révélant un certain ordre de la lenteur et des choses bien faites, qui me font indubitablement penser à ma grand-mère, dont la mère lisait probablement ce journal. Elle, qui ne comprenait pas le rythme trépidant actuel, et qui répondait parfois à la question : qu'as-tu fait dimanche, mamie ? par un : "Et bien, je me suis reposée !". Elle s'octroyait le temps de faire ce qui devait être fait : tenir sa maison, aller chez la coiffeuse, faire les confitures après avoir cueilli les framboises de son jardin, prendre le thé avec des amies ( avec toujours un peu de bière ou de vin au frais, car les maris de ses amies, mon Dieu, sont-ils étranges, n'aiment pas " l'eau chaude !")

 Illustrations des chapeaux pour la venue du printemps
Journal de la Mode 1898

Quand j'entends sonner les cloches de mon village réunionnais, elles m'emportent d'instinct dans un autre temps, celui où l'on prenait le temps. La cloche de l'église rythmait la journée. La messe du dimanche teintait ce jour d'une dimension spirituelle particulière. Il y avait un temps pour tout et les saisons rythmaient l'année. On se couchait tôt en hiver. On était bien plus connectés à la nature, et cela donnait un sens à la vie. Prendre le temps de se réunir chaque semaine avec ses amis, un jour précis, quelle bonne idée. A l'heure actuelle, la seule chose sur laquelle on cale nos rythme de vie sont les horaires du travail. Tout découle de là ! Pourquoi ? 
Les emplois de temps que l'on suit à l'heure actuelle n'ont plus rien d'humains ! Ils ne respectent en rien nos besoins physiologiques internes, et créent au contraire un stress difficile à évacuer.
  Un Journal de la mode à la main, allongée dans mon transat avec mon chat sur les genoux, en buvant mon five o'clock tea, je me sens d'un autre temps, et j'ai envie de prendre encore plus mon temps... That's life !
                                                                                                                                                       EM

1 commentaire:

  1. 100 % OK - présentement je prends le temps de peindre après un délicieux déjeûner du dimanche dehors par ce bel été métropolitain

    BISES A TOI EMILIE lili

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