mardi 22 juillet 2014

EFFET BOOMERANG DES CRITIQUES

"Tant que vous rabaissez quelqu'un, vous rabaissez une partie de vous-même, ce qui vous empêche d'atteindre des sommets, comme vous le pourriez autrement". Maria Anderson.

    L'énergie que l'on met dans un geste ou une action nous revient forcément par d'autres biais. On peut voir ça comme un investissement à moyen et long terme. Plus je vais être dans la critique d'autrui, dans la colère tournée de manière quotidienne pour tout ce qui bouge (ou roule !), plus je vais devoir faire face à des jugements me revenant, me condamnant, et je vais trouver la vie bien difficile. Comme toutes les bonnes habitudes, être dans l'accueil et la compréhension se travaille au quotidien. Il ne s'agit surtout pas de devenir un béni oui oui sans discernement, mais bien de prendre du recul par rapport à ce qui nous arrive afin de pouvoir nous observer.

    Une amie d'enfance se plaignait à moi depuis des années de son mal-être au sein de son couple, des addictions de son mari, de son raz le bol généralisé de la vie, de son travail... J'écoutais, car je l'aimais profondément, assommée rapidement par sa logique impitoyablement négative. "Prends du temps pour toi", lui conseillais-je. Aussitôt elle me rétorquait que c'était impossible, que je ne pouvais pas comprendre ( ben oui, je n'ai pas d'enfants !), ou que son mari avait quand même de belles qualités malgré son addiction au cannabis, qu'il ne la battait pas, et qu'ils avaient la maison à finir de construire. Elle terminait par l'argument irréfutable de la culpabilité : je ne peux pas le quitter, ce serait égoïste pour les enfants. Si j'avais le malheur de glisser que je le trouvais son compagnon agréable, elle me coupait par un : "on voit bien que tu ne vis pas avec lui au quotidien !" Pas de dialogue possible, j'en ressortais épuisée, ayant épongé des choses qui ne sont pas à moi. Mes projets ou envies passaient à la trappe du même coup, car la joie et l'enthousiasme de projets nouveaux dérangent beaucoup ceux qui n'osent pas bouger.
 
     J'en ai eu assez, de cette attitude victime, qui refusait toute l'aide : se plaindre pour constater que la situation ne convient pas, OK. Ensuite, il s'agit d'envisager une option, et d'AGIR. Se plaindre pour se plaindre devrait être proscrit, non ?! J'ai mis mes limites ( quitte à perdre l'amie, c'est un risque à prendre).

    Je préfère nettement un vrai échange avec un ami, où le fait d'exposer les aléas de sa vie est fait aussi dans l'optique d'avancer, pas juste de FAIRE PORTER SES BAGAGES à l'autre ! On a chacun notre sac à porter, on demande parfois de l'aide, mais personne ne peut l'alléger, il n'y a que nous qui pouvons nus débarrasser des choses lourdes et inutiles ! Qu'est-ce qu'on est mieux avec un sac léger et fonctionnel, peu encombrant, qui ne contient que le nécessaire, et que l'on peut laisser au vestiaire sans crainte !
    Alors, vous êtes plutôt quel style ? Sac léger en toile ou valise mastodonte ?

ça peut même vous plaquer au sol !
   
    Pensez toujours à tourner des pensées positives vers l'autre, et à remarquer si les humeurs sombres vient de vous, peut-être, car c'est un jour maussade. C'est souvent en s'apaisant et en se retrouvant soi-même, que l'on retrouve la pêche.
   Quand je vois le positif chez l'autre, même un petit détail, cela me revient comme un miroir, par le bais de cette personne ou bien d'une autre. C'est toujours valable ! Et si vous vous sentez trop souvent attaqué, sans doute est-il bon de placer quelques limites afin de restaurer votre dignité...

                                                                                                                                                    EM
 

 

samedi 19 juillet 2014

NE TE JUGE PAS CAR TU NE REALISES PAS TES REVES

     Dès lors que je me mets la pression quant à mes désirs, pas encore réalisés, cela me déprime. Est-ce là la vocation d'un rêve, que de nous faire souffrir en nous frustrant ? Que non ! Pensiez-vous vraiment que les rêves existent dans ce but ?  Heureusement, haha ! Cela n'est qu'une croyance que l'on entretient pour justifier nos ratages et nos abandons.

J'explique : quoi, je n'ai pas encore publié mon roman ? Je suis toujours prof de lettres dans un collège ? Je n'ai pas encore monté mon salon de thé ? Je ne suis pas un grand acteur, pas marié ou pas encore divorcé ? Cela submerge parfois : zut, le temps passe, quand mes rêves vont-ils se réaliser ?
Pas en rêvassant, ça c'est sûr... Mais pas en m'obsédant non plus !

Or, un rêve, un désir profond, c'est une force de vie qui pousse à avancer et à rester vivant. Le mode robot semi automatique n'a jamais aidé quiconque à s'épanouir, cela se saurait. Tout comme le trop grand vide d'objectifs, qui laisse désoeuvré et ne pousse pas à agir. Un juste milieu s'impose.

La phrase qui m'a fait du bien, de A.C.Ping, dans Agir : "Cesser de vous condamner ! Si nos rêves et nos idéaux sont des choses vers lesquelles nous pouvons tendre avec bonheur, il arrive aussi qu'il deviennent des motifs pour nous condamner nous-mêmes".

Oui, quel dommage de laisser nos magnifiques rêves et envies se transformer en instruments de torture ! C'est idiot ! Je me suis sentie rassérénée de ne pas être arrivée déjà là où je voulais être, et je prends le temps dont j'ai besoin pour avancer, et faire ce que j'aime ! Ne renonce jamais, telle est ma devise ! Et puis, lire un article où Léonardo di Caprio disait sa profonde frustration pendant des années de ne jouer que des rôles romantiques qu'il exècre, m'a fait relativiser : se trouver prend du temps, et demande de l'engagement. Cet homme, malgré le succès phénoménal de Titanic, adulé, se désespérait de se voir proposer un rôle d'homme complexe.


Mon coffea shop préféré à Phnom Pen - Cambodia


Alors promis, 1ère chose à faire, arrêter de s'auto-flageller parce que l'on est pas si bon que l'on aimerait, et utiliser cette énergie pour faire ce que l'on aime. Même un micro petit truc qui va dans la direction de ce que l'on aime est meilleur que de s'en vouloir.

                                                                                                                                       EM

jeudi 17 juillet 2014

VIVRE UNE VIE AUTHENTIQUE, LA CLE DU BONHEUR

        C'est par l'affirmation de ce que j'aime, que je me sens moi. Avez-vous déjà ressenti cela, vous trouver à un repas qui s'éternise, avec des personnes dont vous ne partagez pas la vision de la vie, et avec lesquels c'est difficile de trouver des sujets communs ? Alors, si vous êtes comme moi, sociable et adaptable, vous faites un petit effort, et vous gardez pour vous vos commentaires quand ça dérive sur " les homos, moi, tant qu'ils ne m'approchent pas, je pense qu'ils ont le droit de vivre". Mais au bout de quelques heures, votre sourire énergique du début fait place à une légère pesanteur ( est-ce le repas ?)... Imaginez que régulièrement vous vous imposiez cela, voir tous les jours au travail avec les collègues. Au bout de quelques temps, vous perdez de vue qui vous êtes.
And am a dancing queeeeeeeeeeen, lalala la la !
 
      Lorsque vous vous retrouvez à nouveau dans VOTRE monde, dans VOTRE ambiance, celle qui fait que vous vous sentez VIVANT ( une discussion avec des amis après une séance de ciné art et essai, une marche en montagne, la lecture d'un bouquin qui vous passionne, faire votre jardin...), vous avez presque honte de votre lâcheté envers vos idéaux, et d'avoir aquiescé à la tablée entière médisant sur le boulanger qui est homosexuel, et que c'est une honte ( ma bonne dame !).
On se sent bien et soi-même quand on est compris et que ce que l'on fait répond à ce que l'on est profondément.
Mais savez-vous qui vous êtes profondément ? Parfois, la leçon est rude afin de l'apprendre (comme pour moi qui ai réalisé en séjournant longuement en Inde que la lecture et la littérature étaient essentielles à mon équilibre vital, malgré les mots de mon guru de yoga, disant qu'il faut se détacher), et cette leçon peut aussi heureusement s'apprendre dans le bonheur (mon amour du lagon, dans lequel je rêvais de nager chaque jour depuis petite, et là, ayé ! Ô joie !).
 
         Le bonheur, c'est quoi ? C'est quand on ressent de la joie, du contentement. Et on ne peut se forcer à la sentir. Tout comme le sentiment amoureux ne se force pas, quand bien même le partenaire est rassurant ou amoureux, si ce n'est pas réciproque, se forcer à rester rend malheureux.
La joie simple naît de moments partagés (seul ou à plusieurs), où le sentiment de LIEN surgit, évident. Je suis reliée : avec la nature, la montagne, les poissons du lagon, avec Montaigne, avec un ami, une voisine, mon grand père, mon mari. EN LIEN. Se sentir reconnu pour ce que l'on est, est essentiel, et si l'on s'expose sans cesse à des gens qui ne peuvent adhérer à ce que nous sommes, nous nous gâchons et finissons par dépérir, c'est mathématique. Voilà pourquoi il est si agréable de se regrouper en associations ou en tribus aimant les mêmes choses. Moi, personnellement, à une réunion de chasseurs, je me sens malheureuse, pas à ma place, je perds mon temps et mon énergie ! Logique, non ? !  Alors pourquoi s'imposer cela dans notre vie quotidienne ? Notre désir de nous faire accepter, sans doute, explique nos trop nombreux renoncements, ou les sourires gênés.
La clé de l'épanouissement ? Mener une vie authentique !
 
 
                                                                                                                               EM



mardi 15 juillet 2014

ASSENTIMENT D'AUTRUI : pas nécessaire pour avancer !

      Quand est-on heureux ? En étant qui l'on veut être et en faisant ce que l'on veut faire, tout simplement. On ne peut attendre l'assentiment des autres... ou alors on va attendre longtemps, et ne pas réaliser grand chose. Finalement, nous sommes la source de tout. C'est notre enthousiasme appuyé par notre foi, qui va permettre la réalisation. Franchement, ceux qui attendent un bébé et divulguent le nom choisi se heurtent à tant de commentaires, que l'on ne peut que comprendre ceux qui disent garder la surprise ! Avez-vous déjà expérimenté cela, de vouloir un grand changement dans votre vie ( quitter votre mari après 25 ans de vie commune, monter votre entreprise de cupcakes, changer de sexe, acheter une maison au bord de la mer, changer de job etc...) ? Avez-vous commencé à sonder vos proches, afin de voir s'ils approuvaient votre projet ?

      Je reprends les mots d A.C.Ping, dans AGIR  ( édité en français en 2007) : " Avez-vous confié votre rêve à vos amis ou famille dans l'espoir qu'ils puissent croire en vous et vous convaincre que vous êtes à la hauteur ? En agissant de la sorte, vous ne vous appropriez pas votre rêve, et vous n'en assumez pas la responsabilité. Au contraire, vous vous rendez vulnérable à la critique de ceux que votre rêve menace - ces gens qui avaient des rêves, mais qui ont fait des compromis pour enfin y renoncer. Ce sont des personnes qui vous diront pourquoi vous ne pouvez pas vivre votre rêve, puis qui essaieront de vous amener à y renoncer.
Cette situation est assez commune, car beaucoup de gens considèrent que le monde est dur et qu'on ne peut pas avoir ce que l'on veut. Voilà que vous leur dites que vous allez faire ce que vous voulez ! S'ils vous appuient et croient en vous, cela invalide leur conception de la vie et les amènent à admettre qu'ils ont abandonné leurs rêves trop tôt et à renier les gestes qu'ils ont fait dans le passé pour les amener à renier leur rêve. Si vous cherchez du soutien auprès de certains pour réaliser votre rêve, ne vous étonnez pas si vous vous heurtez à la colère de certains !
Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que les autres manifestent de l'enthousiasme pour votre vision si vous n'en manifestez pas vous-mêmes !"
Waow, voilà qui  est bien dit, n'est-ce pas ? 


Voilà ce que vous pourrez venir déguster chez moi !
        Et vous, c'est quoi votre rêve ? Parfois, les aléas de la vie font qu'on ne s'en souvient même pas...
Moi, je me lance dans mon envie : mon salon de thé /restau, lieu de culture et d'échanges, de création perpétuelle ( la cuisine déjà, est une joie et une création sans cesse renouvelée pour moi depuis mon enfance)... J'ai pas mal d'appréhensions, mais pas mal la foi aussi !

                                                                                                                                               BISES EM

lundi 14 juillet 2014

AGIR, y'a que ça de vrai : la phrase qui fait du bien

      L'accomplissement arrive bien plus sûrement grâce à la persévérance que grâce au génie ( proverbialement méconnu !). Mais attention, tout se fait par étapes. En effet, quand vous avez une envie, il est bon d'en établir les étapes nécessaires à la concrétisation. Ainsi, si vous désirez monter au 1er étage, vous grimperez les escaliers, marche après marche/ Et non, vous ne pourrez pas être au 1er étage d'un claquement de doigts !
 
Paulo Coelho dit dans l'Alchimiste " Ne mourrez pas de soif en vue des palmiers !".
Vous comprenez ?
Le livre de A.C.Ping intitulé Agir, le résume magnifiquement :
"Si vous faites ce que vous aimez en suivant vs passions, votre voyage sera votre destination."
 
 
 
 
                                                                                                                                                 EM

CONFITURE PAPAYE COMBAWA ORANGE

        Que faire quand on se retrouve avec 5 énormes papayes, pas forcément très intéressant à manger comme ça ? Les petites papayes solo sont un délice, à la chair rose, ferme et sucrée, mais les énormes, ont moins de goût. C'est là qu'il s'agit d'avoir des idées !



Ingrédients :
4 ou 5 papayes en petit morceaux, épluchées, sans les grains.
40% de leur poids en sucre roux de canne ( les papayes ont un bon pouvoir gélifiant, nul besoin d'acheter du sucre spécial)
1 combava en petit quartier
Une orange bio en morceaux
Une gousse de vanille fendue
Un bâton de cannelle
Un demi-verre de vinaigre de cidre
Quelques pépins d'orange et combawa ( ou citron) à retirer ensuite ( pour que la confiture soit encore mieux prise, c'est magic !)


Laisser mariner toute la nuit les fruits coupés, le sucre et les épices, puis mettre à cuire à feux doux, et remuer dès l'ébullition, puis laisser cuire à découvert environ 35 min.
Mettre en pots que vous retournez dès qu'ils sont remplis.




La papaye se révèle avec la douceur de la vanille, se marie très bien avec l'orange, et le combava lui donne la touche finale qui fera de votre confiture une merveille de saveur.

                                                                                                                                                           EM

vendredi 11 juillet 2014

LA PEUR NE MORD JAMAIS AUSSI CRUELLEMENT QUE LES REGRETS !

    Avoir peur avant d'entreprendre quelque chose de nouveau, c'est normal, et même assez sain. Le courage, en fait, c'est de surmonter ses peurs et d'agir. Ce qui est du courage pour moi ne l'est pas forcément pour toi. On a chacun nos limites, notre passé, qui nous influencent différemment.
Il y a des peurs bénéfiques, celles qui nous protègent contre un vrai danger : du style sauter d'une falaise sans son parachute. Mais les autres ? Celles du quotidien, qui nous empêchent de téléphoner à Patrick alors qu'on en meurt d'envie, qui nous empêchent de monter sur scène avec les copains de la troupe d'impro, qui nous empêchent de porter des lunettes de vue vertes fluo... Elles sont basées sur notre peur du jugement de l'autre, qui n'est qu'un miroir de ce que l'on pense de soi-même : Patrick est trop bien pour moi, il ne va même pas me regarder, je vais me ridiculiser sur scène, personne ne va rire, mes collègues vont  encore se moquer de moi... 

     Sérieusement, tout ça pour votre petite personne ? Hey, la terre ne tourne pas autour de vous et de vos "défauts". En fait, Patrick sera probablement content que vous l'appeliez ( et quand bien même il ne se préoccupe que peu de vous, vous vous sentirez BIEN de l'avoir fait, et prête à passer à autre chose si besoin est, plutôt que de bloquer encore deux décennies de plus sur ce gars). Sur scène, au moment T, vous oublierez tout pour devenir la situation que vous incarnez et vous vous sentirez bien et énergisée après. Vos lunettes, elles vous apporteront la touche finale personnelle qui révèle votre style, et peut-être qu'après quelques remarques moqueuses ( ou élogieuses !) vous vous demanderez comment vous avez pu vous retenir pour quelque chose d'aussi simple et idiot qu'une paire de lunettes de vue. 

That's me in the streets of Saint Pierre



   Allez au bout de vos rêves ! Jean-Jacques ( Goldman, pas Rousseau) avait raison ! Les regrets sont bien plus lourds à porter que les appréhensions et les fausses pudeurs de l'égo. 
     La seule solution : faire face à vos peurs.

    J'ai envie d'ouvrir un salon de thé, lieu culturel et communautaire, depuis longtemps, où je pourrais servir de la bonne cuisine créative, et échanger avec des gens ouverts. J'ai trouvé un local. J'hésite à signer, toutes mes peurs remontent, je ne vois plus les petits détails administratifs, tout me paraît compliqué, je tergiverse...  La pensée qui m'aide ? Je n'ai rien à perdre à écouter mon envie et à me lancer. Qui ne tente rien n'a rien. 
   J'ai parfois fait des choix extrêmes dans ma vie, sans filet de protection, et la chute a été douloureuse. Mais pas mortelle ! Ce qui est génial ? J'ai appris de mes expériences, et je sais prendre du recul, me protéger correctement, et ne pas prendre de risques inconsidérés. Je n'ai pas envie non plus d'être trop raisonnable. Je veux écouter mon instinct, celui qui me dit GO, ce brin de folie qui me fait parfois faire des trucs barjos, pour le meilleur ! Je ne veux pas être rangée et bien pensante, prévoir ma retraite ( et pourquoi pas le type de bois de mon cercueil aussi ?!). Je veux juste laisser  la parler la flamme de vie en moi, la laisser brûler, qu'elle éclaire mon être. Plutôt que de laisser la chandelle s'éteindre à mi parcourt, soufflée par le vent froid des pessimistes '(et de mon jugement sévère sur moi), je veux qu'elle brûle jusqu'au bout ! 

Pour le salon de thé/restau bio, suite au prochain épisode.

                                                                                                                                            EM

mardi 8 juillet 2014

La Survivance de Claudie Hunzinger

    Très beau roman paru en 2012 chez Grasset, de Claudie Hunzinger, artiste et écrivaine depuis 1973 (depuis qu'elle a eu la riche idée de quitter l'Education Nationale ).

                                                           

      Un couple d'ex-libraires d'une soixantaine d'années, Sils et Jenny, est contraint de trouver refuge dans une ferme à moitié en ruine, perdue dans la montagne alsacienne, qu'ils avaient acquis pour une bouchée de pain lors de leurs études. Ils rendent les clés de leur librairie, véritable raison de vivre de ces deux amoureux de la littérature. Le roman décrit avec poésie leur quotidien et leurs amitiés animales, ainsi que leur relation à deux, isolés qu'ils sont et réduits à vivre en autarcie, par manque d'argent et par rejet de la société de consommation et son productivisme.
Constat d'échec ? Pas totalement... Ils se reconnectent à la nature et à l'essence même de la vie, et permettent à leur essence profonde d'émerger ( et surtout au lecteur de suivre leur expérience si enrichissante sur la connaissance de la nature humaine). Au fil des difficultés et des inconforts (l'hiver en altitude dure 7 mois, et qu'il stagne à - 25° en février, sans eau courante ni électricité), on se demande pourquoi ils s'imposent autant d'ascétisme et de dureté.
Le quotidien âpre et dépouillé de ces deux êtres en montre aussi la perdition, et en même temps force le respect. Quel couple digne de ce nom pourrait vivre un an en autarcie, avec pour seule compagnie une ânesse et une chienne dans une masure fissurée avec des bottes de paille en guise de lit ? Ils continuent à échanger, à garder un rythme d'êtres civilisés ( prendre le petit déjeuner, s'inviter courtoisement dans le lit de l'autre, se raconter leurs rêves).
On comprend soudain que se cache là-dessous un complexe de non-appartenance au monde, comme le prouve le malaise de Sils lors du réapprovisionnement mensuel au supermarché. En fait, son monde, c'est Jenny. Ils sont chacun le monde de l'autre, se connaissant depuis le lycée, fans du roman Sans famille, ironisant qu'ils se sentent eux-mêmes sans famille et bien qu'ils aient une famille physique dans la vallée, elle ne semble aucunement présente pour eux dans leur déroute, elle n'apparaît d'ailleurs pas. Ils ne demandent d'aide à personne. Sils s'auto convainc que cette vie est son choix, prenant la posture du rebelle, lui permettant de ne pas perdre la face totalement dans ce lent suicide que représente cette équipée sauvage ( qui n'est pas sans rappeler ce choix du héros narrateur de Into the Wild qui décide de se retirer, car il ne se sent plus vraiment à sa place dans le monde, et dont les racines du "déracinement" justement sont aussi dans le manque d'amour ou de reconnaissance familial). Le sentiment de profonde tristesse de Sils est un indicateur constant de cette erreur de chemin. Stérile et sans avenir. Jenny est la seule à ne pas perdre tout à fait les repères d'une vie féconde, en restant connectée aux autres, aux animaux, en cuisinant, et en relativisant ses angoisses nocturnes pour retourner à la "tranquillité du monde", et de" ses vêtements en petits tas dans sa chambre".
Peu à peu,  on sombre dans un renoncement aux joies de la vie terrestre incarnée. Loin d'être une retraite paisible et désirée, ils se terrent, pour ne plus gêner, évincés de la société du travail qui leur a signifié qu'ils ne sont plus utile, se sentant de moins en moins légitimes ou intégré à la société humaine. La question de la transmission est évoqué par eux deux à plusieurs reprises, par les mots d"héritage". A qui léguer leurs livres ? et les pigments de couleur que Sils s'évertue à trouver dans les pierres ?
Sils se sent mourir. Qu'est une vie coupée des autres ? Coupée de l'échange ? De l'amour ?  Il sacrifie sa vie et son talent, il ne les vit pas vraiment, cela reste en marge, en survie. 
Pourquoi ce renoncement, si ce n'est ce sentiment de non appartenance initial et familial qui semble les rattraper ?  Les voilà engagés sur un chemin de mort, loin du monde vivant, de la grande famille que sont les autres. 
Une hibernation dans une tombe à ciel ouvert que cette survivance dans cette maison, qui elle aussi s'avérera illégitime, n'ayant même pas sa place sur le cadastre. 
J'ai beaucoup aimé la profondeur de la pensée, la justesse de l'expérience décrite, la beauté de la nature et la tendre description des animaux,  et les questions essentielles que cet ouvrage permet sur ce qu'est une vie humaine réussie.
A lire dans la montagne !

                                                                                                                                           EM