mercredi 31 juillet 2013

DESSINS

Ce sont des collages et découpages grands format, je n'ai donc pu les scanner, le rendu est mieux en vrai ! Venez les voir !
























                                                                                                                                                                                                                                                                                  EM

mardi 30 juillet 2013

L'HISTOIRE D'ALI (part.7)

    Le festival fini, la belle blonde repartie dans son pays, Ali se retrouva tout seul à Châlon. Comme un con. L'aventure était-elle donc toujours éphémère ? Que fallait-il attendre de la vie ? Si au moins, je pouvais m'enthousiasmer pour l'achat d'un nouveau lave-linge, la vie serait plus facile... Comme les Baudry, mes voisins du dessus, qui attendent le 2ème pour l'automne, et semblent remplir leur 24h quotidiennes plutôt efficacement. Ils ont toujours un truc important à faire, comme rempoter les géraniums, ou aller à Auchan pour les couches... songeait-il en se rasant. Il se coupa. De l'entaille perlèrent quelques gouttes de sang. Vermeil. Il avait au moins ça en lui, un beau sang rouge vif, frais et coulant comme un geyser.

   Ninke lui manquait, et voilà qu'il sentait resurgir en lui la sensation désagréable et bien connue de la mélancolie amoureuse. Plus elles s'éloignent, plus je m'attache, moi ! se lança-t-il en soignant sa coupure. 
Il savait pertinemment qu'ils s'enverraient quelques mails, puis s'oublieraient vite... Elle avait été une parenthèse bien agréable, et lui avait donné ce goût de la magie, où tout parait possible, qui remettait Ali sur des rails. C'est comme l'été quand il touche à sa fin, l'impression que le bon temps est derrière soi, et que tout va s'étirer en tristesse. Est-ce qu'il y a d'autres gars comme moi, dans ce putain de pays ? Des tapettes, diraient mes collègues... Vulnérables, dirait mon ex. Ouais, c'est bien ça : la vulnérabilité, tellement sensible que c'est tout mou à l'intérieur. ça me dégoûte, tiens, quand j'y pense. Beurk. Comme un escargot sans sa coquille. Une limace, quoi...

   Il se mit à rire devant le miroir, et décida de se remettre à la guitare. Comme ça. Soudainement. Il espérait seulement que sa volonté pourrait perdurer plus que la journée, et qu'il s'agissait-là d'une vraie décision. Mais s'y remettre vraiment, pas juste les quelques malheureuses répèts qu'il maintenait comme il pouvait. Il pensa à Fred, qui avait été son prof pendant des années, et qui se moquait de son manque d'ambition. La voix de Fred lui revint aux oreilles : "Avec le niveau que tu as, tu pourrais en faire ton métier, facile. Allez mon pote, bouge toi, personne va le faire pour toi. Tu vas galérer les 1ères années, regarde, moi, ça ne fait que trois ans que je vis de mes albums et mes concerts. Douze ans de tournées dans les bars avant, ça forme un bonhomme".

    Ouais, songea Ali, je pourrais au moins reprendre mes compos, en retravailler de nouvelles, et me trouver un percussionniste. Fred me filera bien des adresses de bars qui me paieraient au cachet, et puis je pourrais faire ça le soir, en plus de mon travail... Je finis tôt. 
   Tout à son idée, il sortit sa guitare de son étui et s'assit sur le canapé. Il aimait sa guitare, il la touchait toujours avec déférence, comme avec la plus prude et respectable de ses maîtresses. Une compagne, celle-là, pour la vie. Jusqu'à ce qu'elle lui tombe entre les mains, en poussière. Il avait envie de s'offrir une guitare folk qui serait parfaite pour ses futurs petits concerts, le blues étant sa musique de prédilection. Mâtinée d'un peu de gnawa du bled, d'un peu de musique algérienne, de voix, de tablas, de darbouquas... son style, quoi, jazz algérico franco déjanté...


  Il appela au travail pour dire qu'il ne pouvait venir aujourd'hui, un imprévu très important ayant surgit ce matin, chose qui laissa son supérieur songeur. Ali ne dit rien de plus, il ne prenait jamais de jours et n'était jamais malade, alors pour une fois, cela sembla passer plutôt bien. Il prit sa voiture et roula jusqu'à son arbre. "Te voilà, mon pote", lui lança-t-il en s'asseyant contre lui. Inspiré et rassuré dans le giron de son grand frêne, il joua toute la journée, ne sentant même plus ses doigts quand le soir tomba, rempli et serein. Les mélodies résonnèrent dans son sommeil bienfaiteur. Création salvatrice !
                                                                                                                                                        EM


dimanche 28 juillet 2013

L'HISTOIRE D'ALI (part.6)

   Cet été là était particulièrement chaud. "Alerte canicule" titraient les journaux, jamais en mal de sensationnalisme. ça met un peu d'action dans Châlon, pensa Ali. On se croirait au bled...

   Le festival de théâtre de rue battait son plein, et Ali se décida à aller y traîner ses guêtres, munit de son appareil photo. Il aimait la faune drainée par l'événement, punks à chiens,  bobos, et surtout l'alcoolisme latent qui atteignait à la fin des nuits des proportions impressionnantes, et donnait à la ville un petit air détendu, où chacun semblait heureux et prêt à échanger sans peur avec les autres. 




   Il ne reconnaissait plus sa ville, se sentait ailleurs, et cela lui plaisait bien. Il n'avait d'ailleurs croisé aucune tête connue, ce qui l'arrangeait encore plus, l'immergeant totalement dans cette impression d'être ailleurs. Une nouvelle ville, un ailleurs où tout serait possible... et puis cette chaleur orageuse... Ces belles filles bronzées, ouvertes au dialogue... Il avait proposé un verre à une grande blonde la veille, et ils avaient passé un moment divin. Ninke, son nom. De Copenhague, un truc comme ça... Il la revoyait ce soir, et était vaguement excité à l'idée de faire l'amour avec une nouvelle femme. Il se trouvait vaguement chanceux, et ne pensait plus à l'incident du rapatriement du bled. En fait, il avait gravé en lui ce fait : jamais plus il ne ferait confiance à ces gens-là. Quoi qu'il arrive, il savait. Pardonner, il verrait. Oublier, hors de question. Trop bon, trop con, lança-t-il à voix basse. Il sourit en voyant arriver Ninke au loin, au pied de la statue. Elle était tellement grande, qu'avec sa grande jupe et ses nattes, Ali l'aurait bien vu accompagnée d'un viking. "Avec ma tronche de bronzé, on fait un beau couple..."






   Ils se baladèrent au gré des rues et des compagnies rencontrées, toutes plus farfelues et originales les unes que les autres. Quelques bières aidant, un rapprochement se fit entre les deux assez naturellement, et Ali se sentit heureux de finir la nuit avec cette belle entre les bras. 

   Il se sentait ailleurs, bien, vivant, comme s'il habitait une nouvelle ville, pleine de promesses. L'été lui faisait souvent cet effet là, de dépaysement, de magie possible. Il se sentait sorti du cadre conventionnel qui l'emmerdait tant le reste de l'année. Il se permettait de penser à la vie comme une folie douce, où rien n'est plus sérieux, si ce n'est faire l'amour avec de belles expatriées, et rentrer à point d'heure, le jour s'étirant l'infini. Ninke ne savait dire qu'une phrase en français, qui tombait à point nommé : "Bonjour mon chéri". La vie n'est pas belle ? 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         EM

    


mardi 23 juillet 2013

ARRETER DE SE PLAINDRE, 1er PAS VERS LE BONHEUR !

    Humains, la seule chose qui nous restera, au final, c'est le contentement. C'est la faculté qu'à l'être humain de pouvoir apprécier ce qu'il a, à la manière de l'oiseau qui se contente de voler. De voler non pas pour aller chasser, mais de planer des heures au gré du vent, pour le plaisir. La notion de plaisir est purement humaine, les animaux n'en ont pas besoin, ils ne font que ce qu'il leur est nécessaire. Et le bien-être apparaît comme étant la 1ère nécessité.

1. Prendre un jardin

   Il y a quelques années de cela, dans une communauté libertaire en Thaïlande, j'ai connu quelqu'un d'incroyable. Nous avions sympathisé immédiatement, une créativité en commun, un coté atypique et un peu fou. Toutefois, après quelques temps, le naturel est revenu au galop et il a commencé à se plaindre constamment, pour de petites et grosses choses. Il s'inquiétait pour ses finances, entre autre, mais de manière obsessive, en faisant référence à son manque d'argent presque à chaque conversation, ce qui l'enfonçait de plus en plus. Ainsi, il ne voulait pas aller boire un verre, car il comptait chaque centime, et n'était pas content non plus quand je l'invitais. Par contre, je remarquais qu'il ne prenait pas le temps de cuisiner chez lui (pas le courage, disait-il), alors que les placards étaient pleins, achetait chaque midi des choses toutes préparées, et buvait systématiquement son café dehors. Quand je lui demandais de venir nager avec moi, il me rétorquait qu'il n'avait pas assez d'essence. Il avait eu la chance de se voir payer par l'état un stage de danse contemporaine qui coûtait une fortune. Il avait râlé pendant deux semaines pour avancer les frais d'hébergement, pestant contre la lenteur des services sociaux. Aucune gratitude ! Quand je lui disais que j'appréciais sa compagnie, il me répondait qu'il se demandait ce que je pouvais trouver à un espèce de singe comme lui. Etc etc etc... Nous avions pourtant beaucoup échangé ensemble, à propos des tourments familiaux que nous vivions, mais autant je le faisais pour essayer d'aller mieux, autant, lui, le faisait juste pour déverser son marasme  à mon oreille des heures durant, sans attendre de cela une amélioration. Je devais me rendre à l'évidence : il était sombrement négatif, et bien décidé à y rester et à y entraîner tous ceux qui restaient autour de lui !

2. Localiser le tilleul

    Il ne savait relativiser et simplement être content de ce que l'on vivait ensemble. Sur la plage, il ne pouvait contempler le coucher de soleil ; il soupirait bruyamment, parvenant même à me gâcher mon plaisir. Quand je cuisinais quelque chose, la 1ère chose qu'il disait était : "tu as fait une tâche sur la table !", et il replaçait derrière moi au cm près tout ce que je touchais, de sorte que c'était irrespirable. Lorsque j'étais au creux de la vague, nous nous entendions bien. J'étais triste et misérable, il semblait s'en accommoder très bien. Dès lors que ma joie de vivre a refait surface, cela l'a exaspéré. J'avais envie de partager mes écrits, qu'il se réjouisse avec moi de mes réussites. Que dalle, ça l'énervait. Il n'avait jamais envie de sortir, la race humaine étant décevante, et me faisant la gueule quand j'allais à des soirées. Je ne donnais guère de prise à tout cela, et menais ma vie. Je pensais juste "Quel dommage ! On pourrait faire tant de choses ensemble !". Il allait souvent se coucher en disant : "La vie, quelle merde !", chuchoté suffisamment fort pour que je puisse éventuellement l'entendre. Il voulait que je le plaigne. Il s'agit ici de se complaindre dans son malheur et de se boucher les yeux face aux milliers de minuscules trésors qui s'agitent sous notre nez. Puis, j'ai pris le parti d'en rire, avant de m'éloigner. Cet homme-là m'avait permis une illumination : je m'étais mise à sa place, m'imaginant la veille de sa mort, et imaginant les propos qui lui seraient venus, les pensées. Des regrets sans doute... Et pourquoi ? Parce qu'il n'aurait pas su exprimer l'amour qu'il avait sans doute dans son coeur pour ses proches, enfants, compagnes, amis... son amour pour la vie, qu'il n'honorait pas tellement, disant qu'il n'y était pas attaché, reprenant à son compte certains philosophes nihilistes. Et surtout, que cet attachement matériel était vain, qu'il est stupide de s'empêcher de vivre dans une cuisine car elle est salissante, et de passer des heures à se plaindre et à chercher la dispute plutôt qu'à rire ou à faire l'amour !

  Cette histoire m'a fait réfléchir sur l'important dans la vie. Un ex avec qui je suis restée amie m'avais dit; lorsque je lui avais appris que je vivais avec quelqu'un :" Tu mérites quelqu'un de chouette, avec qui tu sois bien, qui respecte ta sensibilité, car la vie est douce avec toi" ça m'avait touché sur le coup, mais à la lumière de l'histoire que je vivais, cela sonnait comme une mise en garde! On peut se plaindre de quelque chose qui nous déplaît, il me semble, quand c'est dans l'objectif de le changer; ou de ne pas rester indéfiniment tributaire de la situation. En fait, quand il y a une velléité de changement, même minime, on sort de la passivité.

   Je crois que quand on en chie tellement dans sa vie que l'on pense que la mort seule sera une délivrance, doublé parfois d'une amertume de voir nous échapper ce joyau qu'est la joie de vivre et à laquelle ont droit tous ces gens chanceux qui nous entourent... Mais si l'on survit à ce passage de désespoir et de douleur (deuil, viol, perte d'un enfant, violence, maltraitance, maladie, accident, guerre, abandon...), qui peut durer des décennies, et que l'on se relève, si l'on renaît de ses cendres, alors, surgit une force et une confiance en la vie infinie. De la misère naît un trésor : le sens de la vie !

   Quelles que soient les épreuves traversées, quelle que soit l'enfance éprouvante que l'on a eu, CHAQUE individu sur terre a ce pouvoir de résilience. Certains sont épargnés par les malheurs, d'autres les goûtent dès la naissance. A quoi bon se plaindre de sa destinée ? Se plaindre à qui ? A son patron ? Ses parents ? Dieu ? Qui ? Soi-même ? Pour s'auto-flageller de plus belle ?! Que nenni ! La 1ère chose à faire, une habitude à prendre comme d'arrêter de fumer : retenir ses plaintes, et essayer de trouver une toute petite chose positive. La dire. Sourire chaque jour à quelqu'un, gratuitement. Même au plus profond du marasme, descendre dans la rue et parler à quelqu'un (acheter une baguette à la boulangerie), caresser un animal (chat, chien, cheval, grenouille...), écrire quelques lignes ou dessiner ou coudre ou faire un gâteau ou bricoler une toute petite chose. Même changer une ampoule. Se sentir actif et ayant une prise sur les évènements a l'effet magique de nous reconnecter au réel et à notre capacité d'action.

3. Cueillir des fleurs odorantes de tilleul pour l'hiver

  Dire tout ce que je viens de dire signifie que je vis pleinement mes états d'être, que je ne suis ni dans le déni, ni dans l'euphorie, mais que j'ai à coeur de transmettre cette connaissance que j'ai acquise par l'expérience, afin d'éclairer ma vie et celle de ceux qui résonnent avec mon message. 
   Et avec une grande joie, je dis MERDE à ceux qui me critiquent sans me comprendre. Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne prennent pas de risques.


                                                                                                                                         EM



samedi 20 juillet 2013

L'HISTOIRE D'ALI (Part 5.)

    Ce samedi-là, Ali se réveilla tard, encore fourbu de la course qu'il avait effectué la veille. Sa boîte participait tous les ans à un marathon, et il avait fini 3ème. Etonnant pour lui qui ne courrait que peu. Il avait eu envie de tout donner, de se dépasser, d'aller au-delà de ce qu'il pensait humainement possible d'effectuer. Il avait senti en courant qu'il se décrassait, et pas seulement le corps, mais surtout son esprit. Toutes ses tristes pensées, son marasme, son ennui s'étaient envolés au fil de la course. A chaque kilomètre avalé, un regain de vie affluait. 
    L'euphorie de la course était restée en lui après. Il se sentait moins immobile, moins passif dans sa vie. Se remettre en mouvement physique, certes extrême, l'avait décoincé de son ornière.
   Les courbatures furent terribles, l'obligeant à marcher comme Aldo Maccione tout le week end. Il sentait à nouveau chaque muscle de son corps, et savourait la détente après l'effort.
    "Le secret est peut-être de ne pas trop attendre de la vie, car elle nous donne toujours quelque chose que l'on n'imagine même pas. En tout cas, je me sens bien", songea-t-il avant de se masser les jambes à l'huile de nigelle ramenée du bled, et dont il n'avait jamais su trouver d'usage.



                                                                                                                                          EM

jeudi 18 juillet 2013

ESPRIT LIBRE

"Il est dur de vivre sous le joug de la nécessité, mais il n'est nulle nécessité d'y vivre." Epicure

"L'obéissance, c'est la mort" Alexandra David Neel. 


     N'est-ce pas que le bonheur est une discipline de chaque jour, comme une bonne habitude à prendre de voir la vie sous un jour favorable ? Difficile quand on est dans la résignation, dans la compromission d'un travail qui nous déplaît, d'une famille qui ne nous comprend pas, d'un époux qui nous donne des ordres... 
Alexandra David Neel, notre belle et française aventurière, qui n'a eu de cesse, sa vie durant, de vivre pleinement son existence, en accord avec ses principes, questionne la race humaine : "comment de la douleur de chaque homme (abnégation, passivité, résignation), voulez-vous constituer le bonheur de l'humanité ?"

     Y a-t-il encore des personnes pour douter de cette évidence, que la  vie est faite pour sentir de la joie, du bonheur, et que le sentir est aussi une question de volonté ?

  J'ai discuté hier avec une dame de 93 ans de mon village, qui fait facilement 20 ans de moins, guillerette et pimpante ; elle m'a raconté avoir été déportée avec son jeune mari dans un camp de concentration, que la plupart de sa famille a péri là-bas, qu'elle se doute de qui l'a dénoncée, car elle se cachait avec son amoureux dans un petit village, et ils ont été cueillis là-bas. Elle a vécu un traumatisme terrible, et  s'en est sortie, dit-elle, grâce à sa petite taille et ses petites mains, car elle s'occupait des pièces de précisions des canons dans le camp. Elle était maigre, se sentait mourir, à vécu les pires humiliations. Elle m'a dit qu'elle ne réfléchissait pas, qu'elle s'extrayait de toutes sensations, et se raccrochait aux petites joies, même minimes, qu'elle pouvait trouver chaque jour, comme une parole à une camarade. 

   A lire ce témoignage, 2 possibilités se font jour :  en sortant d'un camp, la dévastation et le suicide ou perte du goût de la vie ou bien une revanche sur la vie, avec une joie et un appétit décuplé. Elle est de cette 2ème catégorie, se faisant un devoir d'honorer la vie si précieuse qu'elle avait eu la chance d'avoir sauve.

   Nul besoin de prendre l'exemple extrême du camp, car dans nos vies d'humain, de grandes souffrances peuvent exister, et la plus grande est la manque d'amour, d'affection. Enfant, on peut vivre enfermé en étant apparemment libre, maltraité sans la moindre trace de coup, abusé dans sa plus précieuse intimité... Si là-dessus, se greffe la perte d'un être cher, des parents, une maladie, l'équilibre bien précaire vole en éclat. 
 Enfant et ado, l'humiliation, l'incompréhension, le manque d'empathie, d'affection, de reconnaissance, la violence verbale et physique, les dérapages sexuels... tout ceci marque dans la chair. Mais quand l'on s'en relève, plus rien d'autre ne compte que la joie de vivre, car l'on a découvert le bien le plus précieux que l'on aie sur terre : LA VIE ! Et plus question maintenant de lésiner ! Comme au final, on part sans rien, autant tout donner tout de suite ! TOUT ! Être généreux avec la vie, elle le sera doublement en retour.

   Qu'est-ce que cela signifie, concrètement ? Easy : faire de son mieux chaque jour qui s'écoule, pour accomplir sa tâche, pour aimer ceux qui nous entourent, pour prendre du plaisir... Attention, je n'ai pas dit s'octroyer des petits plaisirs coûteux et futiles ! Mais PRENDRE du plaisir. Le prendre là où il est. Là où il est disponible dans le quotidien. Mon travail me gonfle ? Mais j'ai une collègue avec qui je ris beaucoup, alors j'en profite. Je ralentis le rythme, quitte à en faire moins, mais à le faire pleinement. Au contraire, je ne perds pas de temps aux tâches annexes, comme répondre pendant des heures à des mails, ou me perdre sur internet à comparer des locations de vacances. 

    Pour ma part, je suis heureuse quand j'arrive dans ma journée, à être créative. Peu importe comment. Ecrire, cuisiner, peindre, faire l'amour, discuter, faire un bouquet, chanter, servir un plat. Il est possible de l'être, à tout moment, surtout quand je me défais des jugements négatifs qui peuvent émaner des êtres autour de moi qui préfèrent regarder le jardin d'autrui plutôt que de s'occuper du leur, ou le plus souvent de moi-même. J'apprends à me détacher de mon propre jugement négatif, le plus impitoyable !

    Grandir dans l'incompréhension donne une force de vie incroyable, doublée d'un grand manque de confiance en soi, qui s'élabore au fil des expériences. Je me suis fait naître à moi-même, et peux, avec le recul, sentir combien mes ascendants m'ont transmis de choses également. Je ressens de la gratitude de savoir prendre maintenant ce qui est bon à prendre pour moi, et à ne plus tant culpabiliser de ne pas être celle que l'on attend. A dire vrai, je ne suis même pas sûre que les "critiques" attendent quelque chose de moi en particulier, mais émettre des jugements négatifs est parfois si agréablement rassurant, comme lorsque l'on regarde les infos bien au chaud calé sur son canapé. L'humain a besoin de se comparer. Bien souvent à son détriment. 

    L'esprit libre dérange, il remet en question, car assumer pleinement ses choix de vie, quand ils sortent du cadre, finalement, réveille cette soif d'infini et d'aventure, nichée au plus profond de chaque individu sensible.
"Ah, que j'aurais aimé... " n'est pas pour moi. 
Et pour vous ?


                                                                                                                                                             EM

mercredi 17 juillet 2013

Respect au travail (Suite du feuilleton)

   Je ne puis m'empêcher de vous donner la suite des aventures...
Après une soirée plutôt difficile pour moi, à tenter de mettre au clair avec mon manager certaines règles de savoir vivre, j'ai eu 5 jours de repos d'affilée.
  Je suis revenue avec une certaine anxiété au ventre, bien décidée à laisser mon torchon et à les planter là si l'ambiance restait aussi délétère. Nul besoin. Quand je suis arrivée : surprise. Mon manager n'était pas là. Je demande à une collègue, qui m'explique avec un sourire en coin qu'il est "parti", après s'être violemment disputé avec le patron. J'avais des ailes ! J'ai deux nouveaux collègues masculins charmants, qui je le remarque, font leur travail sans m'abreuver d'ordres et de remarques négatives.



   Tout n'est pas rose et parfait, mais c'est beaucoup mieux. Et ce travail de pose de limites est à refaire chaque jour là-bas, je le prends comme une bonne expérience. Salutaire. Ainsi avec le patron, dialogue à coeur ouvert. Difficile. Mais je ne pouvais continuer ainsi, à travailler dans autant de remarques négatives... je me dis qu'à 7.50€ de l'heure, c'est trop peu pour se faire rabrouer constamment. Je pense que j'ai de vraies qualités, et si elles ne lui conviennent pas, je pars. 
La soirée s'est terminée mieux qu'elle n'a commencé, avec le verre de l'amitié, où les langues se sont déliées, et un vrai dialogue entre nous... 

Je ne jette jamais mon torchon, à moins que ce ne soit vraiment perdu. J'ai d'ailleurs beaucoup plus de respect pour mon supérieur depuis que j'ai pu lui dire ce que je vivais (et qu'être mon supérieur ne m'autorise en rien à me manquer de respect !), même s'il a fait mine de ne rien comprendre. Je crois que quand les choses sont dites pour la paix, elles sont positives et ont toujours un petit impact, même si c'est des années après. Je l'ai fait pour mon intégrité personnelle. 

       Essayez, ça fait du BIEN !


                                                                                                                                                         EM

                                                                                                                                                         

Cake rhubarbe/banane/lavande façon baba

De la rhubarbe dans le jardin pour le petit goût tendre et acidulé, qui se marie à merveille avec la banane, voici un cake dans l'esprit banana bread, arrosé d'un sirop d'alcool sur la fin, façon Baba au Rhum, avec the final touch : les grains de lavande. Just exquisite ! Divin, en bon français !



Ingrédients : 
80g de farine de seigle bio (taux de gluten faible). Pour les allergies au gluten, remplacer par  : 50 g de farine de sarrasin + 90 de farine de riz
60 g de farine de riz complet 
1sachet de levure bio
1 oeuf de ferme
30 g de beurre salé ramolli / ou 2 cuillères d'huile d'olive si intolérance produits laitiers.
5 cuillères de miel
une cuillère* de vinaigre balsamique
1 à 2 verres de lait de soja
cannelle en poudre
lavande égrénée
1 banane en rondelles
2 tiges de rhubarbe hachées en petits morceaux
5 tiges de lavande en fleur, fraîche si possible

Une cuillère de confiture de figue liquide + noisette de beurre pour glacer le gâteau.
sirop baba : une cuillère d'eau de vie de cerise et une de porto blanc + 1 de tisane de lavande


Recette :
Mélanger tous les ingrédients dans l'ordre, jusqu'à obtenir une pâte souple, et incorporer vos fruits en dernier. Cuire à four doux pendant 40 minutes au moins, puis sortir le gâteau, l'arroser du sirop, le napper du glaçage, et remettre 8 à 10 min. 

Dégustez froid ou chaud, en sentant les petits grains de lavande qui restent fermes et se marie délicatement avec les parfums de ce cake qui monte bien et reste moëlleux sans matières grasses grâce à l'onctuosité de la banane.

* toutes les cuillères sont "à soupe"

                                                                                                                                   EM

samedi 13 juillet 2013

RESPECT DANS LE TRAVAIL (SUITE)

     La vie est incroyable !
    Avant d'arriver au restaurant où je travaille hier, après 4 jours de repos (le temps étant moche, ils n'avaient pas besoin de moi), je fais le point avec moi-même et mets au point mentalement les limites à poser avec mon manager, que je ne supporte pas. Je me sens anxieuse, car aucune envie d'aller travailler dans cette ambiance délétère.

   A mon arrivée, j'apprends qu'il y a eu du changement en mon absence ! Il est parti il y a 4 jours ! Viré ? EN tout cas, grosse dispute avec le patron. Je n'en crois pas mes oreilles !En fait, il n'y a pas de mystères, les gens qui sont sans cesse en train de critiquer négativement les autres derrière leur dos, en tournant leur veste, liguant les employés les uns contre les autres, disant du mal du patron pour ensuite lui lécher les bottes, et bien la loi du karma fait que cela n'est pas un système VIABLE ! NON ! La preuve !

    De m'être ouverte la semaine dernière en toute franchise et transparence au patron, lui expliquant que le fait d'être nouvelle n'autorise aucunement mon responsable à me manquer de respect, à fait bouger les choses, même si je pensais que c'était à mon détriment, puisque tous deux s'étaient soudainement ligués contre moi. Et là, leur petite équipe toxique a explosé ! sans crier gare ! Waow ! Tout passe dans la vie... et je m'en fichais un peu à dire vrai...
Cela ne m'empêche pas de faire bien mon travail et d'apprécier la compagnie de mes collègues, avec qui l'entente est bonne.

   Il reste nécessaire que je repose encore mes limites avec le patron, extrêmement misogyne et irrespectueux, sans doute sans en avoir conscience du tout.
   Hier je m'occupe seule de la terrasse du haut, et voyant que les clients affluent, je le fais remarquer à mon patron. Il va voir et me répond : "vous vous foutez de ma gueule ? Comment vous feriez avec 200 personnes ?". Je suis choquée par son ton insultant, car je gère plutôt bien le service de la terrasse. Il hurle : "Comme vous êtes incapable, j'appelle Thierry". Thierry est un extra comme moi, que l'on appelle n'importe quand. Il était venu ce soir, car le patron le lui avait demandé, puis l'avait renvoyé chez lui, pensant que les clients n'étaient pas nombreux. Or il buvait encore un verre sur la terrasse. Il a donc rechangé d'avis et lui a redemandé de finalement rester. Thierry est arrivé pour m'aider, le patron , sur un ton méprisant : " Vous prendrez les commandes, elle fera ce que vous lui direz ne la laissez pas prendre de commandes."
Résultat des courses ? La plus grosse affluence de l'été commençant ! Nous avons fait énormément de couverts et une grosse recette à en juger par le sourire du boss. J'ai assuré royalement, au vu des pourboires, des commentaires de mes collègues, et de mon patron, forcé de constater que je faisais du bon boulot. Il a essayé de me prendre en faute deux fois, mais manque de chance, c'est lui qui avait commis les erreurs. Je suis irréprochable, afin de donner le moins de prise possible à sa violence. Son ton doucereux avec moi le reste de la soirée m'a mis la puce à l'oreille : il veut que je traduise sa nouvelle carte en anglais, comme je suis la seule à parler anglais. 

   J'ai trimé hier de 17h à minuit non stop, en supportant les humeurs du boss, qui a été très exaspéré quand le chef ma préparé une assiette pour manger (en 5 minutes), et ne manquant aucune occasion de casser du sucre sur mon dos (et sur le dos de tout le monde d'ailleurs). Paradoxalement, il me pose plein de questions et je sens que je l'exaspère et l'excite en même temps. Questions auxquelles je me fais un immense plaisir de ne point répondre, car totalement déplacées. De même, lorsqu'il m'invite à prendre un verre en fin de service, il est bien évident que je refuse, trop contente d'aller me faire masser par mon belge à la maison ! 

    Voici ce que je voudrais lui dire : 
1. Être mon supérieur hiérarchique ne lui donne aucune droit de me manquer de respect.
2. Le fait que je sois nouvelle n'autorise en aucun cas le dénigrement, bien au contraire.
3. Mon essai a été très concluant, sur ses dires ainsi que ceux de mes collègues, donc si je conviens, le reconnaître et sinon, me virer. Pas m'exploiter en me faisant croire en prime que je ne fous rien.
5. La communication fonctionne mieux entre individus avec de la franchise et du respect, plutôt que d'insulter la personne dès qu'elle tourne les talons. Son équipe tournerait mieux.

   Comme toute expérience de vie, elle est bonne à prendre dès lors que je n'y perds pas ma personne et mon âme. En l'occurrence, je ne vends pas mon âme au diable, dis ce que je pense et tente de maintenir les limites de l'acceptable, dans un milieu où l'abus est légion. Et puis, je le reconnais, cela n'est que temporaire et ne me poserais aucun souci d'arrêter. 

Après tout, je ne suis pas "cloîtrée" là-bas !

                                                                                                                    EM, à votre service.

                                

jeudi 11 juillet 2013

REFLEXION SUR LE RESPECT DANS LE TRAVAIL

   Pourquoi est-ce si difficile d'être heureux avec ce que l'on a, de se dire : c'est ma vie, ça y est, c'est ça ? Pourquoi veut-on toujours plus et que cela entrave-t-il le bien-être de l'ici et maintenant ?
   Cela s'apparente à une course perdue d'avance, absurde, qui nous fait regarder nos photos de jeunesse avec nostalgie : « J'étais jeune et mince, pourquoi n'en ai-je pas plus profité ? Quand je pense que je ne m'aimais pas, que j'étais complexée... alors qu'en fait, j'étais pas mal du tout ! ». Vain.

   L'angoisse est par définition souvent une peur du futur. Peur de ne pas pouvoir tout prévoir, peur de ne pas avoir tout sous contrôle. Pouvoir tabler de manière sûre sur mes plans futurs me relaxe. Mais souvent, je laisse mon esprit s'emballer dans d'innombrables détails techniques et logistiques, qui m'empêchent de jouir de l'instant présent. La clé pour jouir de l'instant présent étant d'être relâché, détendu, ouvert à ce qui se présente, sans attentes inconsidérées.

   J'aime profondément travailler, être active et utile, à moi-même, aux autres, à la société. Mais il y a un monde entre ce désir pur et les possibilités que m'offrent le monde du travail actuel. Je suis serveuse pour l'été dans un restaurant, petit job saisonnier qui m'amuse de prime abord, me permet d'être active tout en gagnant de l'argent. J'adore apporter la nourriture, échanger avec les clients étrangers, leur préparer les desserts, et même essuyer les verres et servir les boissons derrière le comptoir. Mais le plus difficile dans ce travail, c'est gérer les supérieurs qui jouent aux chefaillons. Le manager nous donne moult ordres contraires afin de mieux nous prendre en faute pour se défouler. Blagues misogynes, remarques sur le physique, tutoiement, pour l'instant d'après être odieux et nous faire remarquer devant le patron que le vouvoiement est exigé, soudainement.



Le plus dur à gérer dans un travail, n'est pas forcément la tâche en elle-même, mais le manque de reconnaissance du supérieur et les relations humaines de pouvoir et d'asservissement. Le salaire est aussi une reconnaissance, et à 7,50 € de l'heure, je me demande bien quelle reconnaissance est possible, surtout pour un travail aussi physique et épuisant. 

   Quand je fais quelque chose, en général, je ne le fais pas à moitié. Ou alors, je ne le fais pas. C'est facile. J'estime que se presser avec des plateaux et assiettes plein les bras dans une cuisine au carrelage mouillé glissant comme une patinoire est stupide. Dont acte, je marche à mon rythme, en essayant d'être le plus détendue possible, et la plus souriante aussi envers les clients. Et bien, le sourire semble énerver profondément. Comment ? Ce n'est pas tolérable d'être joyeuse et détachée, alors que ce poste est difficile, mal payé, que l'on est en nage, debout 9h d'affiler, sans même le temps d'aller aux toilettes ! Il y a quelque chose qui cloche ! Oui, mais moi, j'essaie de prendre le plaisir là où il est : j'aime voir ces belles salades que je dépose délicatement devant mes touristes, leur conseiller un vin de Bourgogne, voir leur sourire quand ils découvrent que je peux leur traduire le menu, étant trilingue, et que je peux même répondre à leurs blagues. J'amène mes propres qualités dans ce job de serveuse, et je pense être organisée et méticuleuse, et comprendre vite. En gros, je fais du mieux que je peux, en respectant mon intégrité. Répondre aux blagues salaces sur mes seins à mon responsable ne rentre pas dans cette dernière catégorie, et je me fiche royalement qu'il pense que je suis hautaine.




    Les relations au travail, notons-le, est pour certains un exutoire à toutes leurs frustrations. Je ne me permets pas de parler mal à un collègue, je ne vois pas pourquoi je tolérerais le contraire. Ne pas prendre avec trop de sérieux toutes les remarques faites sous le coup de la fatigue et de l'épuisement inhérents à ce métier. Beaucoup de frustrations chez mon manager, qui cherche à se venger de sa vie épuisante sur ceux qu'il dirige. Et pourtant, CE N'EST PAS l'UNIQUE OPTION ! Une autre de mes collègues, ayant de longues années d'expérience, fait son travail dans le calme, la tranquillité et la douceur, et lorsque nous ne sommes que toutes deux, tout se passe à merveille. Elle est respectueuse, et m'a toujours parlé correctement, même épuisée. Je ne l'ai jamais entendu dire du mal de ses collègues, ce qui est légion ici, où chacun déverse des flots de critiques à l'égard des membres de l'équipe. Chacun essayait de me faire dire du mal du patron ou du manager, car eux-mêmes se sentaient exploités.
Que faire dans ce cas pratique ? J'essaie d'être franche et directe, dans la mesure de ce qui peut être reçu. Ainsi, non, je ne déblatère sur personne derrière son dos. S'il se passe quelque chose qui me semble incorrect, je m'en ouvre directement à la personne concernée, de la manière la plus diplomatique possible. Travailler dans une ambiance de ragots et de critiques perpétuelles est déprimant. Je me fais un point d'honneur à ne pas rentrer dans ce jeu, tout en étant lucide sur le fait que ce sera probablement mon tour prochainement. Et je ne le prendrai pas personnellement, quand je vois la rapidité avec laquelle chacun tourne sa veste.

   Évidemment, les relations avec supérieurs et collègues sont souvent la partie la plus épineuse du travail. Car les tâches,les plus dures soient-elles, trouvent une sorte de rythme machinal propre à endormir l'esprit, ce qui fait beaucoup de bien à l'être humain, trop pensant ! M'oublier dans mes verres à essuyer jusqu'à devenir cette tâche ne me déplaît pas. Terminer le service en nettoyant la salle et en redressant chaque table me donne l'impression d'un travail bien fait. Finalement, ce que je ne supporte pas, est de servir de défouloir, sous couverts qu'il y a de la fatigue ou que la particularité de leur caractère est d'être « irritable » ou que c'est le jour de la paye (jour honni du patron). Moi, j'ai mes règles, 31jours / 31. Voilà !

   Être heureux avec ce que l'on a.... Profiter de la situation présente avec tous les enseignements qu'elle nous procure, sans chercher à toujours comparer avec le passé. Je ne suis pas dans une période facile car j'ai envie de me lancer dans de grands et beaux projets, mais attends d'en avoir l'énergie. Je ne veux pas attendre trop, je ne veux pas m'enliser. Tich Nat Han dit que l'on ne peut connaître sa faculté au calme que dans les grands tourments. C'est au plus fort de la tempête que je peux exercer le calme. La nuit, les angoisses nous rattrapent, alors que nous sommes allongés, immobiles, au calme. Mais dans notre esprit c'est le chaos, et le noir de la nuit nous enfonce encore plus dans les méandres de l'angoisse. S'angoisser ne résout RIEN. Cela n'engendre que plus d'angoisse.

   Se détendre, redevenir légère comme un souffle de vie, prendre ce qui est présentement, voilà où je reviens avec confiance et la certitude que c'est la bonne direction. Et pour les mauvaises langues, qu'elles soient au travail ou ailleurs, et bien tant pis, je n'userais certes pas de leurs armes, celles la même que je critique, et peut être découvriront-ils que la médisance n'amène rien de positif,et que respecter l'autre dans ce qu'il est, avec sa propre manière de faire, est la plus sûre façon de vivre ensemble heureux.

                                                                                                                                   EM


lundi 8 juillet 2013

L'HISTOIRE D'ALI (Part. 4)

    S'appuyer sur. To lean on. Someone. Somebody. Un arbre. Quelqu'un. Ne pas penser, ne pas réfléchir. Ali sursauta dans son sommeil et se réveilla avec ces mots en tête.
C'était dimanche, il était midi, Ali se leva. Il se dirigea machinalement dans la cuisine où il rangea la vaisselle sur l'égouttoir pendant que son café coulait ; la première tâche qu'il faisait en se levant. L'ordre le rassurait.
Vers 13h, il sortit, prit sa voiture et roula, jusqu'à une rivière où il savait pouvoir se trouver seul. Il s'adossa à un arbre, assis, et contempla l'onde verte, finement troublée de petites vaguelettes. La nature était magnifique en ce mois de juillet, et les arbres majestueux se courbaient vers l'eau sombre, comme s'ils voulaient l'embrasser. Ali aimait contempler le paysage, car peu à peu, chaque détail se détachait et devenait un spectacle captivant pour son oeil aguerri. Il aimait la douceur de la nature car il n'était pas obligé à être autre que ce qu'il était, en silence. Toute la semaine, il souriait, parlait, comptait, rangeait, instruisait des dossiers d'assurance. Il rassurait les gens en leur faisant peur. Il leur faisait miroiter les pires éventualités, pour leur asséner le coup de grâce final : grâce à la formule complète (une petite fortune, soit dit en passant ), leur avenir était assuré. Tout irait bien, car même le malheur leur rapporterait. 

     Il s'entendait avec ses collègues sans toutefois se sentir sur la même longueur d'onde. Toujours parler du dernier achat de voiture ou de machine à laver finissait par lui sembler bien vain. La vacuité l'angoissait et le rendait vide. Vide de sens, d'énergie, de vie. Sa soupape de sécurité était un jour par semaine : le dimanche, il redevenait sauvage. 
     Son mal être, il le savait, tenait sa source dans son déracinement originel. Il avait toujours senti qu'il avait eu à se faire accepter de sa famille, que rien n'était acquis. Même sa place de fils, il avait dû la gagner chèrement. Il serait peut-être temps de dépasser tout cela. Il n'attendait plus rien de sa famille, alors à quoi bon rester ? L'appartement familial ? Sa mère, qui ne le reconnaissait même plus ? Son frère, avec qui il ne parlait plus ? On reste souvent parce qu'on attend quelque chose qui nous manque, et qui par définition ne viendra pas, puisque cela n'a jamais existé. Autant aller le chercher ailleurs.


    Il pensa qu'on était dimanche, que Youssef devait être seul dans l'appartement, sa mère, seule, à l'hôpital, son frère, seul, sa compagne infirmière travaillant fréquemment le week end. Tous seuls, en somme. Chacun seul dans son coin. Même réunis, nous nous sentirions seuls, de toute façon, pensa Ali. L'important étant encore de se sentir soi, avec les autres. Inter reliés. 

     "Ali, Ali ..." semblaient lui murmurer les grands pins. "Viens, réveille toi, entre dans la vie, ne reste pas à la lisière. Va, fais, dis...", le vent dans les branches formait une mélopée singulière. "Lève toi, mais lève toi enfin, redresse toi, réveille toi, remets toi en selle, regarde toi,  REVIENS A LA VIE. "

                                                                                                                                                            EM

lundi 1 juillet 2013

L'originalité créatrice de VIE

"L'originalité est une nécessité absolue de survie de l'espèce humaine. J'ajouterai qu'elle est une nécessité de survie pour le cosmos. Il doit y avoir CREATION dans l'univers." Iannis Xenakis.

                      EM