jeudi 29 janvier 2015

ON EST CE QU'ON MANGE


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L'étape suivante, c'est de se transformer en saucisse ?
C'est valable pour toutes les sortes de nourritures.
La nourriture "physique", celle qu'on avale. On est fait de matière organique, on retrouve des traces en nous de tout ce que nous ingérons, inhalons, appliquons sur notre peau.  Je crois que chacun sait, on a déjà entendu tant de choses là-dessus (le bio, les pesticides, les aliments transformés, etc...).
La nourriture "culturelle", mentale, celle qu'on ingère avec les yeux, la tête, les oreilles... Musiques, spectacles, émissions TV, livres, échanges, relations humaines...
La nourriture spirituelle, celle qui nourrit notre être profond : la connexion avec la nature, avec Dieu, avec soi, par le biais de ce qui nous ramène à nous ( c'est quand l'intellect ne s'en mêle pas, vous savez ?!, quand on est si absorbé parce que l'on fait que cela nous "vide la tête")

Et bon appétit !
                                                                                                                                                       EM

jeudi 22 janvier 2015

DIRE ET FAIRE CE QUE JE PENSE JUSTE : BILAN DE LA SEMAINE

  Alors, que s'est-il passé pour moi, cette semaine, où je me suis efforcée d'être honnête et intègre avec ma parole et mes actes ?
De drôles de choses, que je n'aurais jamais pu prévoir. Dire ce que l'on pense, revient finalement, à être en accord avec soi-même, à ne pas trahir sa propre volonté, pour faire plaisir à quelqu'un d'autre, par exemple. Et étrange, des personnes que je ne soupçonnais pas partager mon point de vue, m'ont remercié d'avoir osé dire tout haut ce que je sentais, et que du coup, elles avaient réalisé qu'elles non plus, n'étaient pas en accord avec la décision. Cela a fait changer la donne.

   Ce qui a été parfois compliqué, ça été de faire le point avec moi-même, de régler la netteté en quelque sorte. Il y a des choses que l'on sait sur soi de manière évidente : nos goûts et nos dégoûts, par exemple. Le plus délicat, a été au niveau des relations humaines. Comment dire que je ne suis pas d'accord face à tout un groupe ? Se savoir en minorité, et tout de même faire valoir ma parole ? 
Le discours enflammé de Christiane Taubira à l'Assemblée, en faveur du mariage pour tous, entendu par hasard aujourd'hui, m'a aidée, étonnement. Elle se laisse submerger par l'indignation, dans une verve intense, et cela donne une justesse criante à ses paroles. Elle touche au plus profond de l'être humain, par l'intemporalité de sa révolte.

   Déjà, je dois dire que tenir ce pari cette semaine, a été un pari constructif, qui m'a poussé dans mes retranchements, jusqu'à sonder ce qui était vraiment juste pour moi, et à plonger. L'idée de défi était là pour soutenir mon manque de courage parfois.

   Se positionner. La clé de tout. Se connaître soi-même est une chose, essentielle. Mais rester soi-même face à l'autre demande parfois du courage, de la détermination, et de savoir dépasser sa peur et sa culpabilité.
    Ai-je besoin de l'avis d'amis concernant une décision que je veux prendre ? On veut juste être conforté dans notre vision, la plupart du temps... mais en avons-nous besoin ? Décider seuls de ce qui est juste pour nous ? Au final, nous prenons souvent la décision que l'on avait préssenti au début.
Mon copain dit que je suis un microcosme à moi toute seule. Ne le sommes nous pas tous ? Je crois que c'est en respectant notre écologie intérieure que l'on peut s'adapter ensemble.

Et je finirais en disant un spécial merde ( une fois n'est pas coutume) aux emmerdeurs, à tous les empêcheurs de s'éclater, à tous les rabatteurs professionnels de joie, à tous ceux qui ont besoin d'éteindre la lumière de l'autre pour sentir la leur briller. Et un spécial thank's à tous les autres, animés de joie, de foi, d'amour et d'humour ! Longue vie à eux.
                                                                                                                                                   EM


 

lundi 19 janvier 2015

LE DEFI DE LA SEMAINE... DIRE CE QUE JE SENS

   Alors, dit comme ça, ça peut faire un peu : je dis tout ce qui me passe par la tête, sans égards pour l'autre.
NON. 
Mon défi de la semaine, pari pris avec mon chéri ( une marque de chocolats délicieux), est de dire les choses clairement. Si je n'ai pas envie, je vais m'exprimer, avec courtoisie, mais fermement. Si j'ai une chose à dire à quelqu'un, je vais lui dire. Si une proposition ne me convient pas, je ferai la mienne, et serai prête à assumer les conséquences. Ainsi, je m'engagerai dans des projets et des choix qui me conviennent. 
Dire ce que je ressens, c'est un peu (ou beaucoup, suivant le cas de figure) de courage, face à certains interlocuteurs ( son boss, son père, son voisin...), mais c'est surtout du temps de gagné pour la suite. Dire oui à contre coeur est le gage d'ennuis et de compromission par la suite. Est-ce à dire qu'il ne faut faire aucun compromis ? Pour les choses qui nous sont essentielles, on ne PEUT SE COMPROMETTRE ! C'est une évidence ! 
Moi, je connais mes essentiels, et il y a des choses, surtout celles qui on trait à la création, à l'expression artistique, et à la foi, que je suis incapable de sacrifier. Cela s'appelle se positionner. Oui, prendre position pour ce que l'on est profondément, en dépit du jugement d'autrui, de notre potentielle culpabilité, du qu'en dira-t-on...

Je me lance : et c'est parti pour une semaine de VERITE crue et nue, dans toute la splendeur de sa simplicité... J'ai des choses à régler cette semaine, alors à bientôt pour le feedback.
Et vous, vous tenez le pari ? 
Racontez moi ça...


                                                                                                                                              EM

samedi 10 janvier 2015

La grâce des brigands de Véronique Ovaldé

    C'est l'histoire d'une jeune femme : Maria Cristina Väätonen,  qui à seize ans, quitte Lapérouse, sa ville natale, une mère étouffante autant que peu aimante, un père taciturne, et une soeur jalouse, pour s’installer à Santa Monica (Los Angeles). C’est le début des années 70, de la Californie et de sa littérature libertaire. Dans son errance, elle va s'installer en colocation  avec une jeune serveuse enceinte avec laquelle elle va bientôt former une petite cellule rassurante à trois, et tomber amoureuse ( ou, plutôt, en dépendance admirative et malsaine) de Claramunt, un auteur US à succès.
    J'ai adoré l'ambiance dans lequel ce roman brillant m'emportait, et signe d'un excellent livre, qui me suit encore, une semaine après l'avoir terminé. L'héroïne et sa quête d'ancrage et d'équilibre, que vraisemblablement, elle n'a pu trouver dans sa famille, elle va la chercher ailleurs. D'abord géographiquement, au soleil, loin de la froide humidité de sa ville canadienne, puis en ses pairs, afin de se recréer un noyau familial, et enfin en elle, en accouchant de romans puissants, dévoilant la vérité sur ce qu'elle a vécu. 

    Voici un petit extrait, juste pour vous donner l'esprit du livre, car vraiment, Ovaldé est une grande auteur, avec un style ciselé et profond. Elle va loin dans l'âme humaine, et fait des constats d'une rare acuité sur les relations humaines et familiale, sur la solitude humaine et la sur la bienveillance et la confiance entre les êtres.

                                     La Grâce des brigands


Les calmes après-midi du bord de mer
Maria Cristina Väätonen, la vilaine soeur, adorait habiter à Santa Monica.
La première raison de cette inclination, celle qu'elle n'avouerait sans doute pas ou alors seulement sous forme de boutade, en riant très fort et très brièvement, c'est qu'elle avait la possibilité à tout moment de déguster des cocktails de crevettes et des glaces à la pastèque sur le front de mer.
Elle pouvait s'asseoir dans un restaurant pour touristes aisés où le serveur l'interpellait par son prénom et ajoutait toujours des cacahuètes pilées à ses crevettes -il ne disait pas cacahuètes, il disait, Je vous ai mis des arachides, Maria Cristina, et il roulait les r suavement, peut-être pour faire croire qu'il n'était pas du coin. Et elle pouvait s'installer sur la terrasse du restaurant à une table qu'aucun client de passage n'aurait eu le droit d'occuper. La terrasse surplombait la baie du haut de ses pilotis, et on y sirotait des sangrias avec lenteur en contemplant le soleil qui disparaissait au fond du Pacifique dans une apothéose fuchsia. Puis Maria Cristina pouvait décider de prendre sa décapotable verte et rouler le plus vite possible sur l'autoroute, remonter la nuit Mulholland Drive au volant de sa voiture et sentir le vent frais qui vient des jardins des multimillionnaires, les jardins qu'on arrose à minuit pour que les orchidées et les roses au nom latin se sentent à leur aise, elle pouvait goûter sur son visage l'humidité des bambouseraies qu'on fait pousser en plein désert, et ensuite rentrer chez elle à l'heure qui lui plaisait, garer sa voiture en mordant sur le trottoir près du petit chemin qui descend vers la plage, claquer la porte de son appartement, jeter les clés par terre, se défaire de ses vêtements en les laissant simplement tomber sur le sol, mettre très fort la musique et allumer toutes les lumières comme si elle avait une minicentrale électrique pour son usage personnel dans le sous-sol.
Elle pouvait faire tout cela mais ne le faisait quasiment jamais.
La possibilité seule l'enchantait et lui suffisait.
Maria Cristina Väätonen aurait probablement aimé être une femme scandaleuse.
Malgré ce désir, elle ne faisait que goûter plaisamment sa vie d'écrivain et la modeste notoriété que son succès accompagnait. C'était l'autre raison pour laquelle elle appréciait d'habiter à Santa Monica: une communauté d'écrivains dépressifs et/ou cacochymes y vivait, arpentant les pontons comme de vieux squales à la recherche d'éperlans. Ils avaient tous tenté de devenir scénaristes ou présentateurs d'émissions culturelles, ils avaient réussi ou échoué, là n'était pas la question, et ils fumaient des cigarillos en regardant la mer et en imaginant s'exiler à Tanger, Paris ou Kyoto. L'un de ces vieux écrivains était l'homme le plus important de la vie de Maria Cristina.
Maria Cristina avait trente ans (ou trente et un ou trente-deux) et se trouvait encore dans l'insouciant plaisir d'écrire, acceptant la chose avec une forme d'humilité et le scepticisme prudent qu'on accorde aux choses magiques qui vous favorisent mystérieusement.


                                                                                                                                                    EM






jeudi 8 janvier 2015

Charlie Hebdo, symbole de la résistance française ? Le 8 janvier 2015 restera gravé dans nos mémoires.

          En lisant les réactions des personnalités réunionnaises, suite à l'assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, j'ai réalisé ce que signifie "être solidaire". Ce n'est pas juste en présentant ses condoléances à la famille des victimes, NON ! C'est en se sentant SOI-MÊME victime de la tragédie. Ce n'est pas en l'éloignant de nous, et en faisant des grandes phrases bien convenues, mais en s'indignant, en reprenant le flambeau satirique avant qu'il ne s'éteigne : car c'est notre liberté individuelle à chacun qui a été bafouée hier ! Ce ne sont pas les pères de famille qui ont été visés ce jour-là, mais bien les empêcheurs de penser en rond, les pourfendeurs d'une information citoyenne et démocrate, avec, cerise sur le gâteau, l'ingéniosité et l'humilité de nous faire éclater de rire ! Sans se prendre au sérieux, ces hommes-là on fait beaucoup pour l'humanité, pour la tolérance. Et que ceux qui critiquent leurs prises de positions politiques et religieuses réalisent qu'ils critiquaient tout extrémisme et toute bêtise sans exception, pas uniquement celles des Islamistes. 

    Quand j'ai vu de bons amis autour de moi pleurer, dévastés par la nouvelle, comme si on leur avait coupé les ailes, j'ai été très émue. Eux qui "ont grandi avec Charlie Hebdo", c'est un modèle de liberté et de légèreté qu'on a voulu détruire. J'ai vu combien c'est aussi un bout d'eux-mêmes qu'on a tué hier : cette déconne si française, si libertaire et subversive, celles de nos parents en 68, celle qui est notre "french touch" aussi, pétrie d'ironie, de bons mots, pour remettre les orgueilleux, les dominants, les tyrans à leur place ( tous ceux avec qui, étrangement, on ne se marre jamais).

L'impact de cet assassinat sur moi est très simple :
1. Incrédulité. Colère. Indignation. Tristesse
2. Sursaut. Réveil. L'envie décuplée de restée engagée pour que les idéaux auxquels je/nous crois/yons, ne restent pas que des théories : amour, partage, paix, douceur, joie, rires, respect etc... Prônons ces valeurs de gauche, partagées par les artistes, par ceux qui créent leur vie au lieu de la subir, les gens simples, les amoureux de la nature, tous ceux qui connaissent le sens de la vie et en font leur essentiel au quotidien. Oui, éclater de rire devant un dessin de Charb montrant une dinde que l'on sort du four pour Noël, titré " Nabila est sortie de prison", ou un Allah où est le bar ?, c'était trop bon ! 

             
    Aux armes citoyens,
armez-vous de stylos, de pinceaux, de graines à semer, de sourires, de micro, de guitares, 
car ces deux lâches cachés derrière leur cagoule, ( vous avez bien mal visé, les gars !) s'ils n'ont pas raté leurs cibles humaines, se sont bien fourvoyés en pensant faire cesser l'humour, la subversivité, la liberté de pensée ! 
Plus que jamais, défendons notre culture, celle qui nous fait réfléchir, vibrer, pleurer et rire, pour que la France reste le pays des droits de l'homme, nous fallait-il un choc si violent pour enfin ouvrir les yeux sur ce que nous devons préserver et défendre ?

                                                                                                                                                            EM