mardi 3 mars 2015

ELLES VIVAIENT D'ESPOIR de Claudie Hunzinger

     Claudie Hunzinger, dont j'avais déjà chroniqué l'excellent La Survivance (voir post précédents dans Chroniques Livres), raconte ici l'histoire vraie de sa grand-mère, Emma, dans les années 30, et de ses choix de vie libres et authentiques, parallèlement à la montée du nazisme. L'amitié amoureuse qu'elle ressent pour Thérèse ( et pour quelques autres aussi), ses amants, son mariage, ses lectures subversives, peignent le tableau d'une femme décidée à vivre sa vie pleinement. 

    Emma épouse un Alsacien membre du parti nazi, et Thérèse meurt sous la torture de la Gestapo, c'est ce que l'Histoire révèle. Mais qu'en est-il dans les faits ? Le secret de cette histoire d'amour illicite, vécue avant la naissance de ses enfants, fut préservé par Emma Hunzinger dans quatre cahiers de toile, journaux intimes précieux, qu'a recueillis sa petite-fille.


J'ai beaucoup aimé ce personnage de grande blonde aux cheveux courts (« L'une émettait la lumière, l'autre la contenait.») libre et joyeuse, forte et assumant des choix qu'on imagine périlleux pour l'époque. Cela m'a rappelé le ton de Colette dans Claudine à l'école, cette atmosphère studieuse, environnée de livres, et le sérieux de Thérèse, masquant une farouche détermination,  faisant penser à une Simone de Beauvoir, toute en retenue. "J'ai été élevé par une bibliothèque", phrase sublime de Jules Renard, vient en exergue du livre, comme pour réaffirmer le pouvoir de la littérature dans nos vies.

                                                 Elles vivaient d'espoir
      
       Le récit est vivant, étayé par les lettres, cartes postales, notes intimes griffonnées. Toutes deux sont des littéraires ( la rencontre se fait en prépa au concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure). Emma veut être en couple avec Thérèse uniquement si elle peut avoir des amants, et faire des enfants, ce à quoi sa compagne a un peu de mal à accéder :
"Seule, Emma a fait le point. Auprès de toi, écrit-elle à Thérèse, je voudrais valoir davantage, te mener loin, vieillir. Auprès de François, je me retrempe dans une joie primitive, profonde, et un équilibre animal. Loin de toi, je vis dans la dispersion. Tu me forces toi, à l'approfondissement."

                                                             Un pur plaisir à lire, fort bien écrit, dans lequel on tombe sans pouvoir lever le nez. Foncez dessus !
                                                                                                                        EM

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