vendredi 10 janvier 2014

L'HISTOIRE D'ALI (Part. 24)

  "I'm the doubting man,
all my fucking life,
one day on the top,
the other one on the floor...
What can I do ?

When I fall in love,
I become stupid.
I'm losing myself,
as a fool
just for a girl.

I'm the doubting man,
I seem to be the king,
so cold and proud.
who could believe
what I really am ?"

   Ali fredonnait sa nouvelle chanson blues, en roulant en direction de Lille. Les paroles de L'homme qui doute reflétaient exactement sa manière d'être au monde. Il pouvait se sentir parfaitement bien pendant des jours, puis sombrer en une heure dans un gouffre de doutes insondables, d'où personne ne pouvait le tirer. Il s'y mettait tout seul, la plupart du temps, semblant trouver normal de se sentir si faible et perdu. Il avait eu l'occasion de constater que tous les humains qu'il côtoyait n'étaient pas forcément ainsi, ça l'épatait toujours beaucoup.
   Plus il roulait, moins il se sentait d'appeler Simone pour lui dire qu'il était dans sa ville. "Si ça se trouve, elle n'y est même plus", songeait-il.
   Et puis, en un éclair, il sentit que son envie était l'aventure, et de retourner dans cette ville si animée qu'était la capitale du nord, là où il avait connu ses 1ers succès de musicien. Il eut l'idée d'appeler Jim, le propriétaire de la péniche qui les avait programmé le mois précédant, avec qui il avait vaguement sympathisé. Jim sembla enchanté d'entendre la voix d'Ali, et lui proposa de le rejoindre le soir-même sur la péniche.
Aussitôt arrivé, Ali se dégota une chambre dans une pension sympa du centre-ville, et se rendit sur la péniche concert.

Il passa une soirée plutôt agréable, en compagnie de Jim et de ses amis, et très vite, un deal se conclut entre eux :
" - Moi, je sais reconnaître un grand musicien, mon pote, et toi, tu joues comme un dieu. Alors je te laisse pas filer... Tu me fais les jeudi soirs ici... On va dire pour les trois prochains mois, pour commencer..."
Ali accepta, non sans négocier un logement. Jim possédait quelques immeubles en ville, qu'il louait à des bureaux et des particuliers, et lui proposa un petit meublé qu'il ne voulait pas louer, car pas tout à fait remis aux normes.
- Parfait", lui répondit Ali pour sceller le pacte.
Après quelques bières, deux ou trois conquêtes féminines au bar, qui ne l'intéressaient pas, Ali n'y tint plus, il composa le numéro de Simone sur son portable.
" - Ali, c'est toi ?
- Salut Simone, j'ai essayé de te joindre...
- Où es-tu ?
 - Là, je suis sur la péniche, à Lille. Et toi ?
 - A Paris.
 - Ah oui ?
 - Oui, espèce d'idiot, Rémy Bertrand, ça te dit rien ? Putain ! "

   Il fallut bien cinq minutes à Ali avant de remettre ses idées en place. Rémy Bertrand, le producteur de Label Jazz Production, qui les avait repéré dans cette même péniche, où il se trouvait ce soir...
" - Simone, désolé, j'avais oublié... En fait, de cette nuit là, je ne me souviens que de toi... Je veux dire... que de nous, enfin de tes lèvres... heu... de toi..."

  Simone éclata de rire. Un long silence s'installa. Chacun s'écoutait respirer.
"- J'ai envie de toi, Ali. Je t'ai laissé des messages, pour te prévenir du rendez-vous. Et puis, n'ayant pas de réponse, sauvage comme tu es, j'ai pensé que j'étais rien pour toi, juste une passade... et que tu te foutais du rendez-vous avec la boîte de prod..."

   Simone lui apprit que Rémy souhaitait les produire, elle, Xavier et lui, et qu'il leur avait adjoint un percussionniste talentueux. Ali avait fortement intérêt à se rendre au plus tôt chez Label Jazz Prod afin de valider tous les accords oraux. Il promit à Simone qu'il appellerait Rémy dès le lendemain.
 "- Et moi, tu me rappelles quand ? demanda-t-elle d'un ton charmeur.
 - Quand tu veux. J'habite un appart à Lille pour les trois prochain mois, t'es la bienvenue".

                                                                                                                                                        EM



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