jeudi 18 juillet 2013

ESPRIT LIBRE

"Il est dur de vivre sous le joug de la nécessité, mais il n'est nulle nécessité d'y vivre." Epicure

"L'obéissance, c'est la mort" Alexandra David Neel. 


     N'est-ce pas que le bonheur est une discipline de chaque jour, comme une bonne habitude à prendre de voir la vie sous un jour favorable ? Difficile quand on est dans la résignation, dans la compromission d'un travail qui nous déplaît, d'une famille qui ne nous comprend pas, d'un époux qui nous donne des ordres... 
Alexandra David Neel, notre belle et française aventurière, qui n'a eu de cesse, sa vie durant, de vivre pleinement son existence, en accord avec ses principes, questionne la race humaine : "comment de la douleur de chaque homme (abnégation, passivité, résignation), voulez-vous constituer le bonheur de l'humanité ?"

     Y a-t-il encore des personnes pour douter de cette évidence, que la  vie est faite pour sentir de la joie, du bonheur, et que le sentir est aussi une question de volonté ?

  J'ai discuté hier avec une dame de 93 ans de mon village, qui fait facilement 20 ans de moins, guillerette et pimpante ; elle m'a raconté avoir été déportée avec son jeune mari dans un camp de concentration, que la plupart de sa famille a péri là-bas, qu'elle se doute de qui l'a dénoncée, car elle se cachait avec son amoureux dans un petit village, et ils ont été cueillis là-bas. Elle a vécu un traumatisme terrible, et  s'en est sortie, dit-elle, grâce à sa petite taille et ses petites mains, car elle s'occupait des pièces de précisions des canons dans le camp. Elle était maigre, se sentait mourir, à vécu les pires humiliations. Elle m'a dit qu'elle ne réfléchissait pas, qu'elle s'extrayait de toutes sensations, et se raccrochait aux petites joies, même minimes, qu'elle pouvait trouver chaque jour, comme une parole à une camarade. 

   A lire ce témoignage, 2 possibilités se font jour :  en sortant d'un camp, la dévastation et le suicide ou perte du goût de la vie ou bien une revanche sur la vie, avec une joie et un appétit décuplé. Elle est de cette 2ème catégorie, se faisant un devoir d'honorer la vie si précieuse qu'elle avait eu la chance d'avoir sauve.

   Nul besoin de prendre l'exemple extrême du camp, car dans nos vies d'humain, de grandes souffrances peuvent exister, et la plus grande est la manque d'amour, d'affection. Enfant, on peut vivre enfermé en étant apparemment libre, maltraité sans la moindre trace de coup, abusé dans sa plus précieuse intimité... Si là-dessus, se greffe la perte d'un être cher, des parents, une maladie, l'équilibre bien précaire vole en éclat. 
 Enfant et ado, l'humiliation, l'incompréhension, le manque d'empathie, d'affection, de reconnaissance, la violence verbale et physique, les dérapages sexuels... tout ceci marque dans la chair. Mais quand l'on s'en relève, plus rien d'autre ne compte que la joie de vivre, car l'on a découvert le bien le plus précieux que l'on aie sur terre : LA VIE ! Et plus question maintenant de lésiner ! Comme au final, on part sans rien, autant tout donner tout de suite ! TOUT ! Être généreux avec la vie, elle le sera doublement en retour.

   Qu'est-ce que cela signifie, concrètement ? Easy : faire de son mieux chaque jour qui s'écoule, pour accomplir sa tâche, pour aimer ceux qui nous entourent, pour prendre du plaisir... Attention, je n'ai pas dit s'octroyer des petits plaisirs coûteux et futiles ! Mais PRENDRE du plaisir. Le prendre là où il est. Là où il est disponible dans le quotidien. Mon travail me gonfle ? Mais j'ai une collègue avec qui je ris beaucoup, alors j'en profite. Je ralentis le rythme, quitte à en faire moins, mais à le faire pleinement. Au contraire, je ne perds pas de temps aux tâches annexes, comme répondre pendant des heures à des mails, ou me perdre sur internet à comparer des locations de vacances. 

    Pour ma part, je suis heureuse quand j'arrive dans ma journée, à être créative. Peu importe comment. Ecrire, cuisiner, peindre, faire l'amour, discuter, faire un bouquet, chanter, servir un plat. Il est possible de l'être, à tout moment, surtout quand je me défais des jugements négatifs qui peuvent émaner des êtres autour de moi qui préfèrent regarder le jardin d'autrui plutôt que de s'occuper du leur, ou le plus souvent de moi-même. J'apprends à me détacher de mon propre jugement négatif, le plus impitoyable !

    Grandir dans l'incompréhension donne une force de vie incroyable, doublée d'un grand manque de confiance en soi, qui s'élabore au fil des expériences. Je me suis fait naître à moi-même, et peux, avec le recul, sentir combien mes ascendants m'ont transmis de choses également. Je ressens de la gratitude de savoir prendre maintenant ce qui est bon à prendre pour moi, et à ne plus tant culpabiliser de ne pas être celle que l'on attend. A dire vrai, je ne suis même pas sûre que les "critiques" attendent quelque chose de moi en particulier, mais émettre des jugements négatifs est parfois si agréablement rassurant, comme lorsque l'on regarde les infos bien au chaud calé sur son canapé. L'humain a besoin de se comparer. Bien souvent à son détriment. 

    L'esprit libre dérange, il remet en question, car assumer pleinement ses choix de vie, quand ils sortent du cadre, finalement, réveille cette soif d'infini et d'aventure, nichée au plus profond de chaque individu sensible.
"Ah, que j'aurais aimé... " n'est pas pour moi. 
Et pour vous ?


                                                                                                                                                             EM

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