dimanche 28 juillet 2013

L'HISTOIRE D'ALI (part.6)

   Cet été là était particulièrement chaud. "Alerte canicule" titraient les journaux, jamais en mal de sensationnalisme. ça met un peu d'action dans Châlon, pensa Ali. On se croirait au bled...

   Le festival de théâtre de rue battait son plein, et Ali se décida à aller y traîner ses guêtres, munit de son appareil photo. Il aimait la faune drainée par l'événement, punks à chiens,  bobos, et surtout l'alcoolisme latent qui atteignait à la fin des nuits des proportions impressionnantes, et donnait à la ville un petit air détendu, où chacun semblait heureux et prêt à échanger sans peur avec les autres. 




   Il ne reconnaissait plus sa ville, se sentait ailleurs, et cela lui plaisait bien. Il n'avait d'ailleurs croisé aucune tête connue, ce qui l'arrangeait encore plus, l'immergeant totalement dans cette impression d'être ailleurs. Une nouvelle ville, un ailleurs où tout serait possible... et puis cette chaleur orageuse... Ces belles filles bronzées, ouvertes au dialogue... Il avait proposé un verre à une grande blonde la veille, et ils avaient passé un moment divin. Ninke, son nom. De Copenhague, un truc comme ça... Il la revoyait ce soir, et était vaguement excité à l'idée de faire l'amour avec une nouvelle femme. Il se trouvait vaguement chanceux, et ne pensait plus à l'incident du rapatriement du bled. En fait, il avait gravé en lui ce fait : jamais plus il ne ferait confiance à ces gens-là. Quoi qu'il arrive, il savait. Pardonner, il verrait. Oublier, hors de question. Trop bon, trop con, lança-t-il à voix basse. Il sourit en voyant arriver Ninke au loin, au pied de la statue. Elle était tellement grande, qu'avec sa grande jupe et ses nattes, Ali l'aurait bien vu accompagnée d'un viking. "Avec ma tronche de bronzé, on fait un beau couple..."






   Ils se baladèrent au gré des rues et des compagnies rencontrées, toutes plus farfelues et originales les unes que les autres. Quelques bières aidant, un rapprochement se fit entre les deux assez naturellement, et Ali se sentit heureux de finir la nuit avec cette belle entre les bras. 

   Il se sentait ailleurs, bien, vivant, comme s'il habitait une nouvelle ville, pleine de promesses. L'été lui faisait souvent cet effet là, de dépaysement, de magie possible. Il se sentait sorti du cadre conventionnel qui l'emmerdait tant le reste de l'année. Il se permettait de penser à la vie comme une folie douce, où rien n'est plus sérieux, si ce n'est faire l'amour avec de belles expatriées, et rentrer à point d'heure, le jour s'étirant l'infini. Ninke ne savait dire qu'une phrase en français, qui tombait à point nommé : "Bonjour mon chéri". La vie n'est pas belle ? 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         EM

    


1 commentaire:

  1. Merci EM pour ce bien joli texte qui vous transporte vers cet ailleurs ou l'on voudrait bien être ... avec une personne aimée pour goûter au plaisir de la vraie vie ...et pouvoir lui dire aussi "Bonjour mon chéri". La vie n'est pas belle ?"

    BISOUS DANY !! DONZY 29/07/2013

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