vendredi 5 avril 2013

EPISODE 15 : Mémé serpents a encore frappé !

           It's important to spend time with YOURSELF if you really want to know what you have to do in your life. YOU are the one who has all the information.
C'est sûr, passer du temps avec soi-même, dans le silence de la nature, aide à laisser émerger les vraies envies, celles qui donnent leur direction à notre vie. Tout ce que l'on a besoin de savoir se trouve en nous. Mieux que le psy, que les copines, que l'horoscope de Télé 7 jours...

      Nos désirs les plus enfouis se révèlent dans le monde qui nous entoure. Notre esprit les matérialise, en quelque sorte. Je me souviens d'une période de ma vie, à Lyon, où je ne voyais QUE des femmes enceintes, ou avec des bébés, et je pensais que c'était une sorte d'épidémie ! Je n'imaginais pas une seconde que c'était sans doute mon désir profond qui se matérialisait sous mes yeux ! Que vois-je en Californie ? La France ! Où que j'aille, on me parle de Paris, de cuisine française, de mode... Peut-être aussi que je n'ai pas envie de me plaire ici, pour l'instant. Sans doute que mon désir profond est d'aller me reconnecter à la source natale. Mon âme semble déjà y être, elle a fait le chemin avant moi il y a plusieurs mois, par le biais de Fideua, ma chatte chérie, my soulmate, comme je l'appelle. Depuis quelques matins, lorsque j'ouvre les yeux au réveil, je me crois dans ma chambre d'enfant ; il me faut souvent une minute pour me souvenir que je suis en Californie !
         
       J'aime les collines ici, car elles me font penser au paysage de Bourgogne.. voilà pourquoi je m'y sens bien, familière. Ma machine est prête à démarrer depuis pas mal de temps, et c'est comme s'il manquait une pièce. Une petite, mais que je dois remettre à sa place, et tout tournera mieux ensuite. Je ferai donc  les choses dans l'ordre, même si javais planifié mon futur proche différemment. J'ai UNE SEULE CERTITUDE: MON INSTINCT NE M'A JAMAIS TRAHI !  Et à chaque fois que je l'ai écouté, il m'a emmené là où je devais être.

     Les voyages, surtout ceux qui nous dérangent, servent à revenir avec un regard neuf sur son chez-soi.
Quand les synchronicités (Cf Carl Jung) s'expriment enfin autour de moi, je SAIS que je suis à nouveau sur la voie, que je LIS à nouveau l'univers avec confiance, que je ne suis plus perdue. Ce matin, marchant d'un bon pas dans la montagne, je me suis exclamée à haute voix, en pensant à l'appartement étouffant où je suis sensée loger : "Mais, Emilie, de toute façon, tu fais CE QUE TU VEUX !". Je l'ai senti avec évidence dans mon corps, et au même moment, deux petits papillons m'ont filé sous le nez. J'étais ravie, car la Miss Butterfly que je suis, n'avait pas vu l'ombre d'un de ses congénères depuis son arrivée, ce qui est exceptionnel, car ils m'entourent quotidiennement quand je vais bien. Il y en a un, encadré dans les toilettes, enfermé dans sa cage de verre lisse. L'image vernie du mouvement stoppé à jamais.

       Il faut souvent un peu de temps, avant de s'habituer à un nouveau lieu; et je pourrais m'habituer ici. Mais je n'en ai pas envie ! Je ne veux pas perdre de vue la simplicité de la vie que j'ai peu à peu découverte et menée à La Réunion, et retomber dans les vieux pièges, comme celui qui se remet à fumer à cause d'un gros stress.
    Au moment où j'écris ces lignes, confortablement allongée au soleil contre un chêne majestueux, une vieille dame " Florida style" m'interpelle : "est-ce que tout va bien ?" l'air inquiet et inquisiteur. Je lui réponds avec un sourire : " Est -ce que ça à l'air d'aller mal pour moi ? ", elle s'approche et me dit : "Oh, vous avez l'air merveilleusement relaxée. Mais, MY DEAR, vous devriez faire attention, il y a des serpents ici, dans la nature".
Observant son look immonde ( visière blanche, permanente impeccable, rouge à lèvre fushia, collier en or à grosses mailles, équipement de treck intégral pour faire trois pas dans l'herbe) et un air compassé, pas franchement inspirant, j'ai comme un doute sur ses bonnes intentions. Elle m'a déversé pendant 5 minutes toute sa paranoïa anxiogène, choquée que je lui réponde que je n'ai pas de portable (et pour cause, je me le suis fait voler au Starbuck !) Inquisitrice, elle m'a demandé si ma voiture était la rouge, j'ai répondu que non. Et oui, si jamais il fallait prévenir les secours... AU SECOURS ! Je l'ai stoppé avec un sourire, mais très ferme, lui disant que j'étais bien, que je n'avais pas peur, que je la remerciais pour l'info et que j'allais continuer à lire, si elle le voulait bien.
Je hais ce sourire faussement amical qu'elle m'a servi avec son : "Je ne veux surtout pas déranger votre tranquillité, mais...."
Vous savez quoi ?! Mon air paisible la faisait chier ! Non, ce n'était pas par gentillesse ou mansuétude, qu'elle me prévenait des dangers du monde environnant ! Non, car  mémé serpents, comme nous l'appellerons, sans doute très conservatrice, ne tendrait pas la main vers moi dans la rue, si d'aventure, j'avais réellement besoin  de son aide ! Oh que non ! Je les observe, toutes ces personnes d'un certain âge, bijoutées, chapeautées ( de visières blanches de golf, exclusivement !), de pantalons  à pinces, de grosses boucles en diamant, de maquillage clinquant... Ils évoluent dans un monde de contrôle, où les seuls étrangers qu'ils tolèrent sont les latinos qui font leur jardin et leur ménage. A ce propos, j'aimerais comprendre l'intérêt de posséder un jardin, si c'est pour qu'il soit impeccable, sans un brin d'herbe qui dépasse, utilisé UNIQUEMENT pour l'apparat, et foulé par le jardinier seulement.
Elle n'avait d'ailleurs aucune envie de bavarder avec moi, mémé serpent... Elle aurait pu, nous aurions échangé quelques mots sympathiques... Non, elle voulait que je partage la peur ambiante. Comme si c'était normal d'être allongée, dans la nature !!! Oh MY GOD ! Can you believe that ?! Yes, like that ! She was laiying down into the grass, as if she was in Eden ! What does she believe, this young person ? Is really life looks an Eden 's garden ?
La première chose qui m'est venue à l'esprit, quand elle a commencé son laïus, est : Sais tu que VIVRE, TUE?! (vieille salope, aurais je pu ajouter !) Elle symbolise bien la mentalité ambiante. Se délecter de la peur, en l'amplifiant à loisir... Et je n'ose pas imaginer si je regardais la TV... (de nombreuses chroniques perdues !)
Mémé serpents vote sûrement contre la présence des SDF en ville la journée, ça fait sale, quand même.

    Le regard que j'ai échangé avec un homme, qui faisait la manche à la sortie d'un parking, m'est allé droit au coeur. Il avait l'air si simple, si gentil, si perdu au milieu de la chaussée. Il m'a dit : "thank you sweet heart" quand je lui ai tendu un billet, et on échangé quelques mots. Je compatissais avec lui car la pauvreté matérielle doit être si difficile à vivre à Bisounours city, encore pire qu'ailleurs ! Ici, personne ne leur parle ; ils ne sont pourtant ni ivres morts comme à la réunion, ni hurlant des imprécations ! Personne ne les regarde : ils sont devenus transparents... Ils ne font plus partie de la catégorie des êtres humains, selon les lois en vigueur à Bisounours City : brushing, botox, lifting, maquillage, lunettes de soleil, décapotable, 3 cartes de crédit, un latinos dans le jardin etc...

    A l'heure qu'il est, le papillon ne s'est pas fait manger par un serpent, mais sera prudente... et saura se prémunir des potentielles langues de vipère !




                                                                                                                                        HEM HEM

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire