dimanche 10 mars 2013

EPISODE 1 : Et si les américains avaient la fâcheuse manie de vouloir changer les chats en chiens ?


     J'aime les chats car ce sont les plus sauvages des animaux domestiques, en tout cas, très différents du chien. Ils savent s'écouter, faire ce qu'ils ont envie de faire, sans chercher à plaire. Ils sont indépendants, réclament quand ils ont faim, ne bâfrent pas plus que de raison, et dorment tant, que c'en est presque indécent ! Envie d'un câlin ? Ils s'approchent à pas feutrés... Pas envie ? Un coup de patte et on ne les revoit plus pendant des heures...
Et moi, dans cette histoire, où suis-je ? Tout simplement ici, en Californie, dans une banlieue résidentielle chic au nord de San Francisco.
My american dream a commencé il y a des années, et j'associais tant de liberté et de créativité au nom de San Francisco, que je me devais d'aller y faire un tour. Je sentais que ma vie stagnait là où j'étais, et qu'un déménagement s'imposait... cela s'est fait naturellement, mais ce départ a généré des peurs et des attentes. L'inconnu total.
Mon arrivée à Chicago au beau milieu d'une tempête de neige a donné le ton :frisquet ! Quand j'ai atteri à San Francisco, mauvaise surprise : un froid glacial, de la pluie et du vent m'ont accueillie. Habitant une île tropicale depuis de nombreuses années, le contraste fut rude, d'autant que j'avais choisi la californie pour la clémence de son climat.
Pourtant, ce pays me réservait bien des surprises... Mon voyage débuta donc sous le signe des cadeaux.
Une des roulettes de ma valise ayant été cassée pendant le trajet entre Chicago et San Francisco, je le signalais à un agent, sans aucune autre idée que leur signaler. Ni une ni deux, il me dit qu'il allait me la changer. La roue ? La valise ? Epuisée, je ne compris pas bien... il me demanda mon nom, me fit signer un papier, puis me ramena une grande valise neuve, même mieux que la mienne, et me dit que cela serait ainsi plus rapide que s'il me réparait la mienne. J'étais abasourdie. En France JAMAIS ceci n'aurait pu se produire. Je suis repartie acvec mon cadeau (qui roulait décidément très bien), et après quelques pérégrinations, suis arrivée dans l'appartement que je vais occuper pour deux mois. Je n'ai rien aimé : ni le semblant de ville résidentielle que j'ai traversé, ni le côté compassé des bâtiments de la résidence. On dirait une ville du 3ème âge, pour mémés avec leurs caniches. L'appartement est ordonné au delà de l'imaginable, moquette épaisse partout, et une certaine oppulence s'en dégage, le jacuzzi et la piscine en témoignent. C'est confortable, pour le moins. Je m'y sens mal, instantanément. La propriétaire m'a laissée des feuillets entiers de précisions sur le fonctionnement de chaque chose... dont au moins quatre sur celui du chat.
Car oui, aux USA, les chats sont livrés avec un mode d'emploi.! Cela va de comment le caresser à comment compter les cuillères de complément alimentaire pour booster son immunité à mettre dans la pâtée, le tout biologique bien entendu... Puis, à lui donner ses petites « gâteries dentaires » (c'est traduit ainsi sur le paquet), qui sont sans soja, sans blé et sans hormones, of course !


Aux EU, j'ai remarqué que sur les paquets, on indique ce qu'ils ne contiennent pas avant ce qu'ils contiennent ! Un bon produit sera : gluten free, soya free, no corn, no wheat, no soy, no preservatives, no salt, no suggar, free range, pour les œufs : cage free, sans antibiotiques, sans hormones, sans stimulants (on précise même que cela convient au régime végétarien) etc etc.... Il règne comme un climat de suspicion sur la nourriture...
Des cadeaux m'attendent dans la cuisine :un frigo plein de bonnes choses à mon attention, ainsi qu'une carte de bienvenue et des sels de bains. Tant de charmantes attentions me touchent, mais me font sentir encore plus coupable de ne pas me sentir à ma place ici.
Pourquoi ? Et bien parce que s'il ne s'agissait que de moi, je repartirais aussi sec ! Le côté aseptisé ne me convient pas décidément pas.
Le lendemain, jet lag aidant, je suis maussade. Il fait si froid que je saigne du nez, l'air sec et frais sans aucun doute... je n'ai pas les vêtements adéquats...je tente une sortie, mais me perds dans les parkings de la résidence, et décide de rentrer au chaud, broyer du noir en mangeant ce qu'il y a dans le frigo. La voisine vient me montrer comment je dois m'occuper du chat, et que si je décide d'aller faire un tour, je dois lui laisser le chat, qu'il ne reste pas seul ( depuis quand les chats ne supportent pas d'être seuls?). Elle me montre son panier à jouets, ainsi que comment lui lancer une souris en plastique (pardon, en fourrure synthétique naturelle sans produits toxiques). Le chat possède sa propre maison au sein de la maison, une espèce de contruction à étages recouverte de moquette beige. De loin, j'ai cru à une isntallation d'art contemporain ! Je décide de ccommencer à lire les instructions que la propriétaire m'a laissé, mais m'arrête très vite, perdue dans les multiples explications concernant le chat : il sait faire des « tours » : assis, couché, donne la patte, remue les fesses... et là, seulement là, je peux lui donner une gâterie alimentaire (je le confesse, je lui ai donné une gamelle de gâteries, car elle ressemblaients aux croquettes bio. Oups ! Avec ce shoot de vitamines, il va courir partout !). Le soir, avant de le mettre au lit, je dois lui faire faire ses tours ( de magie?), et le matin, il a le droit de rentrer sous les draps, mais je dois avoir des gestes très lents, sinon il prend peur... Autre recommandations au hasard : ne pas laisser mon fil dentaire trainer dans la salle de bain, s'il joue avec il peut l'avaler, les intestins du chat ne sont pas fait pour le fil dentaire.


Le principe de précaution semble être le maître mot ici. Mais que cache-t-il ?
La volonté de contrôle ! Nous y sommes. L'américain a intégré dans ses gênes la domestiquation de la nature. C'est plus récent qu'en Europe, donc sans doute plus prégnant. Mais s'il a dompté la nature, il verse maintenant dans l'extrême, et la nature semble trop apprivoisée, comme « dénaturée ». Pourquoi craindre la nature ? Elle pourvoit à tout !
Luckily, une phrase fait écho en moi ce soir là, et alors que j'étais passablement deprimée, je me suis simplement autorisée à sentir ce que je sentais et à penser ce que je pensais au fond de moi. « L'adaptation est une chose, se forcer en est une autre. Si j'essaie de m'adapter à un environnement etranger à ma nature profonde, je ressens un conflit interne, mes désirs s'opposant à mes actions. » Alors plutôt que de m'auto convaincre que tout est parfait comme ça, jai eu l'honnêteté de reconnaître les choses qui ne me conviennent pas ici. Tout s'est dénoué.


                                                                                                                                                             EM

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