jeudi 21 mars 2013

EPISODE 8 : UN DIMANCHE COMME TANT D'AUTRES



           Un dimanche est toujours un jour un peu à part, dont le calme angoisse certains, et pour d'autres, est synonyme de douce torpeur. Entre les deux il y a moi, qui aimerait bien un peu plus de vie à Bisounours city. Il me parait loin le temps ou je me prenais une murge le samedi soir ! Non pas que cela me fasse particulièrement rêver, mais une soirée sympa à me marrer avec des potes, oh que cela me manque !

Je suis perpétuellement étonnée par ce que je découvre ici, sachant que le matin, je pars à  la découverte de la ville avec un enthousiasme neuf ( j oublie pendant la nuit à quel point ça ne me convient pas), et pleine d espoir, je vais vers ce que j'aime habituellement. Mais je ne m'avoue pas vaincue.

Om Balinais

Règle n°1 de la survie en milieu hostile : continue à pratiquer ton yoga ( ou ton activité physique). J'ai testé un cours    dans un petit studio, c'est pas encore ça, mais cela m'a déjà fait du bien. J'ai eu ma petite heure de gloire pendant le cours,étant la seule à effectuer le Scorpion ( et presque toucher ma tête avec mon pied), j'ai eu droit aux applaudissements de toute la salle !
Ainsi qu'un énorme hug de la part de la prof, chose que j ai bien apprécié. Sortant du cours, je vais faire le marché des producteurs, sur lequel on peut goûter a tout ( aux états Unis, toujours aller faire ses courses le ventre vide, pour pouvoir goûter a la tonne de samples! ). Tous les magasins sont ouverts le dimanche, c'est un jour comme les autres, avec plus de monde dans les restaurants pour le brunch. Le silence est difficile à trouver, comme pendant le cours de yoga, où la prof parlait constamment, ainsi que les élèves… Je vois une sorte de boutique d'art, je rentre, et là, surprise : un cours de peinture, avec un écriteau donnant sur la rue indiquant : "venez peindre, ça coûte moins cher qu'une thérapie". Au premier degré, hélas. Je rentre et là, le choc : 40 personnes devant leur chevalet, en train  d'exécuter un espèce d'arbre moche avec des boules à la place des feuilles, avec en fond sonore, une espèce de dance music, à fond ! Je rêve ! Je sors en courant ! 

     Le milieu hostile me réserve pourtant beaucoup de cadeaux : sur le marché, un fermier m'a offert un morceau de fromage de brebis délicieux ( qu'il vendait 10 dollars), juste parce qu'il aimait mon accent, et qu'il sait qu'une française va apprécier à juste valeur son oeuvre. 

Les deux remarques que les gens me font tous les jours ici est : waow, what a cute hairdo (quelle coupe de cheveux sympa) !  et combien d heure de sport je fais pour être aussi fit, in good shape ?( allure sportive, quoi). ça semble même être une obsession ici, d'être mince. Et je peux vous assurer que ce n'est pas juste un fantasme, la beauté californienne : les gens sont minces et sportifs, aucun laisser aller !

Mon cadeau du dimanche, rien que pour vos yeux ( nan, pas une photo de moi à poil), quelques extraits d'un livre EXTRAORDINAIRE, Un assassin blanc comme neige de Christian Bobin, offert par mon papa. Rarement un livre m' a touché à ce point là. C'est de la poésie en prose, de petites tranches de vie ancrées dans le quotidien, spirituelles.

Je lève les yeux de mon livre... et une autre surprise du dimanche : un daim, à deux mètres de moi.


Je préfère ne le lire qu'une page à la fois, afin d'en ingurgiter toute la substance. Il est originaire de Bourgogne, ce contemplatif.Vive la Bourgogne !



« C'est parce que chacun cherche à tout prix à souffrir le moins possible que la vie est infernale.
Chaque fois que l'angoisse arrive, je la mets dans une valise que je glisse sous mon lit ; de temps en temps, je tire la valise, je la mets sur mon lit, je l'ouvre : elle ne contient rien ou bien un lumineux petit arbre fruitier. »

«  Il arrive que des gens soient aussi miraculeusement sensibles qu'une statue de Camille Claudel. »

« Un jour nous ressentons tant de lassitude que nous découvrons le noir qui règne depuis toujours sous le ciel bleu. Rares sont ceux qui entrevoient sous ce noir un bleu d'une autre espèce que le premier : incassable, il ressemble à la petite tache d'encre bleue cachée sous l'aile du geai." 


« Les gens assis le long du couloir menant au scanner, je les reconnais au 1er regard : c'est le peuple gris du quai de gare d'Auschwitz ; les hôpitaux nous mènent si loin de chez nous que notre âme peine à nous suivre.»


                                                                                                                                                                                         EM



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