samedi 13 avril 2013

EPISODE 20 : THE MAGIC HOUSE OU LA COMMUNAUTE DE BERKELEY

             Faisant dorénavant partie de l'équipe de rédacteurs de Sling Shot, le journal activiste que j'ai découvert à Berkeley, j'ai passé la journée d'hier à travailler là-bas, sur la traduction d'un philosophe français et de son ouvrage Eloge de la démotivation, et sur mon nouvel article, traitant du mode de vie moderne qui déconnecte les gens d'eux mêmes.  Et ici, c'est FLAGRANT.

       J'ai pu enfin découvrir de l'intérieur la vie "alternative" californienne, en me liant d'amitié avec les onze locataires de la maison en bois traditionnelle dans laquelle habite l'amie journaliste avec qui je travaille. Ces maisons sont superbes, avec un jardin, et beaucoup sont habitées en collocation, sous forme communautaire. La nourriture est souvent achetée en commun, dans des coopératives biologiques, les loyers sont modestes : 300 à 1000 dollars pour une chambre, les repas sont pris en commun au moins la moitié du temps, une ambiance créative folle et démesurée habite le lieu. J'en ai visité plusieurs afin de trouver une chambre, je ne sais pas encore si j'ai envie de rester là, car il fait très frais à Berkeley. Je précise qu'un loyer normal pour un petit appartement à San Francisco ou à Berkeley, est de 2000 à 3000 dollars.

      Je passe donc d'un univers à son opposé, c'est totalement schizophrénique !

     De l'appartement impeccable, au confort matériel évident, sans une mouche qui vole, à une énorme maison fourmillante d'activités et de travaux picturaux en cours de réalisation, il y a UN MONDE... J'ai eu envie d'observer chaque objet comme si j'étais dans une installation d'art moderne, intriguée par les nombreuses portes et corridors cachés...  un film étrange, un univers parallèle... à des années lumières de Bisounours City et de ses habitants... à quinze minutes seulement
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      Immédiatement, je sens qu'il y a de quoi faire un reportage photo, tant cette maison est représentative de la contre culture américaine, telle qu'on la trouve à Berkeley, Oakland, San Francisco, San Diego, Portland et de l'autre côté à New York. Mon amie journaliste a été ravie que je photographie sa demeure, dans laquelle elle dit se sentir en famille, beaucoup mieux, même ! Cela permet à tous ces jeunes entre 20 et 40 ans, de se loger à prix décents et de réinventer un autre type de cellule familiale. Ils sont étudiants (en danse contemporaine, socio, math, cinéma, littérature), travaillent dans le milieu social, prof, infirmier, diététicien ayurvédique, journaliste, ou en recherche de travail. Chacun est musicien ou plasticien, ou artiste... et expos, représentations, lectures, concerts, ont lieu ici, entre eux ou en invitant du monde. Toutefois, j'ai senti un respect de la tranquillité de chacun, et nous avons passé l'après midi à rédiger un article sans être dérangées. Je découvre que certaines chambres sont TRES sommaires, remettant en question toutes les idées que nous avons sur les américains, véhiculées par la TV...  Mais je vous laisse découvrir...

THE MAGIC HOUSE IN BERKELEY

                           
Le porche d'entrée, typique, sur lequel on se pose tranquillement en fin d'après midi, pour profiter du soleil, comme les voisins...
Vous voulez rentrer avec moi à l'intérieur ? attention, on pénètre dans une autre dimension...


Dès l'entrée, le ton est donné : ici, on JOUE. La collection de déguisements le prouve, ils adorent improviser des soirées à thème.
                         

Le premier salon
                                   

Et le deuxième salon : j'adore l'installation avec un vieux Leica sur la cheminée, digne des Surréalistes

Les détails au dessus des portes accrochent mon regard.

La 2ème cuisine, au premier étage, permettant de ne pas se marcher dessus.

La cuisine, où Dani prépare le repas pour les douze de ce soir, car quatre fois par semaine, ils font un roulement pour la préparation, puis partage le dîner ensemble. C'est une ambiance très cool et ouverte, où chacun se sert, puis lave son bol. Un vrai moment de partage joyeux et animé. J'aime cette liberté. Les repas sont VEGAN ( végétaliens) et respectent les allergies de chacun. Et vous savez quoi ? On a mangé DIVINEMENT BIEN hier. Bananes vertes frites, soupe, chou fleur rôti,  tempeh en curry avec du riz, sangria à la fraise.


Le BAKYARD, ou jardin donnant sur l'arrière. Typique, chaque maison de ville cache cette merveille, où poussent souvent des beaux légumes bio. Des cages à poules au fond, ainsi qu'un studio de musique avec un piano.



J'ai l'énorme surprise de découvrir que mon amie habite sous l'escalier, dans un placard. Le loyer est ridiculement bas, et cela lui permet de profiter de cette maison à moindre coût.

Elle me confie que je suis une des rares à rentrer dans sa tanière, car elle est très pudique. Je suis honorée de sa confiance, et épatée que l'on puisse VIVRE dans si peu d'espace. Il y a de la place pour un petit matelas, ainsi que ses vêtements accrochés au plafond. Vraiment très impressionnant. Elle a peint les murs de doux dessins poétiques.
 Elle a heureusement un espace bureau à l'extérieur, qui lui sert d'espace de travail.
Un des locataires avec sa collection d'instruments au mur. Sa chambre est vaste et confortable, le prix est calculé au prorata de la surface, de manière équitable.



Le deuxième étage... les lustres et l'architecture victorienne contrastent avec le côté arty...



Le salon rose.



Qui donne sur une petite porte magique... On monte l'étroit escalier ? C'est celui du lapin dans Alice au Pays des Merveilles, j'ai l'impression...
Et là : waow. Un vrai repère de pirates. Les cloisons sont faites de tentures indiennes, et tenez vous bien 5 personnes habitent in the attic (le GRENIER ). L'intimité ne doit pas être facile à trouver, mais apparemment, ils se débrouillent. 
                                       

On redescend par cet escalier rose, dans la cuisine rose !



La cerise sur le gâteau :
de la fenêtre, je découvre, amusée, que certaines se font des bains de soleil, tranquilles, à poil dans le jardin. C'est TRES Berkeley, et la philosophie de la maison est  claire : LIBERTAIRE. Naturistes, gay, hétéros, poly amoureux... Chacun est libre et le revendique avec fierté, sans aucun prosélytisme



Bon, voilà, j'espère vous avoir transmis un peu de mon enchantement...
Je suis sur la bonne voie ici... celle de la contre culture américaine, qui questionne l'american way of life basée sur le consumérisme sensé rendre heureux.
Et moi je suis HEUREUSE d'écrire là dessus, cela me passionne, et j'ai l'impression que la vie me fait le cadeau de vivre.. plusieurs vies ?!




                                                                                                                                            EM







1 commentaire:

  1. ouf ouf ouf !!!! ça te réconcilie avec ce côté des EU qui t'était hostile
    on imagine bien l'ambiance qui règne dans cette superbe maison où ts les ingrédients y sont tant en déco, cuisine, façon de fonctionner entre colocs & ce côté artistique & communication .... profite z'en bien & écris bien surtout .... li²

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